Dans ces dernières années, un raisonnement simple, voire simpliste considérait à penser que sur un terrain prédisposé génétiquement, l'environnement allergénique aboutissait à une sensibilisation spécifique, laquelle était la cause de l'apparition des maladies allergiques en particulier respiratoires. Ce raisonnement avait comme corollaire la stratégie de l'éviction allergénique qui devait naturellement diminuer les sensibilisations et donc l'apparition des maladies. Des travaux plus récents montrent qu'en fait les choses sont beaucoup plus complexes [11] en ce qui concerne la prévention primaire pré- et post-natale. Ainsi, à l'heure actuelle aucune mesure d'éviction allergénique (alimentaire par exemple) ne peut être recommandée chez la femme enceinte dans le but de prévenir la naissance d'un enfant atopique. Par ailleurs, la prescription d'une éviction alimentaire allergénique durant la période de lactation chez la mère n'a qu'un effet partiel sur l'apparition de l'eczéma atopique (évidence c, selon la classification Evidence-based medlcine) et demande d'autres essais. Quant à l'éviction allergénique post-natale, si comme nous le verrons elle peut réduire parfois la sensibilisation et l'apparition de maladies atopiques dans certains essais, dans d'autres au contraire elle n'a aucun effet sur l'apparition des symptômes de l'atopie et, même dans certains cas un contact important avec l'allergène pourrait prévenir l'apparition des sensibilisations. En ce qui concerne la prévention secondaire à savoir la prévention de l'apparition de la maladie une fois la sensibilisation établie, les observations faites dans l'asthme professionnel laisse à penser qu'un arrêt de l'exposition allergénique pourrait limiter l'apparition des symptômes. Quant à la prévention tertiaire, même si en 1998, la méta-analyse publiée concernant l'éviction des acariens aboutissait à une conclusion négative, il existe actuellement plusieurs travaux actuels indiquant clairement que l'éviction allergénique réduit les symptômes et même la morbidité de la maladie asthmatique [12]. Nous voudrions donc dans cet article essayer de donner des réponses aux questions suivantes : existe-t-il (1) une relation causale entre exposition allergénique et sensibilisation ?, (2) une relation causale entre sensibilisation et apparition de la maladie allergique ?, (3) une relation causale entre exposition allergénique et apparition de la maladie allergique ?, et (4) une relation causale entre exposition allergénique, sévérité des symptômes, morbidité de la maladie allergique ?.