Le choix d'une stratégie thérapeutique visant à contrôler une douleur devrait reposer sur la compréhension de ses mécanismes physiopathologiques. En effet, s'il a été constaté qu'une proportion relativement importante de malades douloureux chroniques demeuraient insuffisamment soulagés, les hypothèses avancées pour expliquer ces échecs thérapeutiques se sont limitées à des problèmes de choix de molécules, de dosage, de développement de tolérance, de résistance aux antalgiques usuels ou d'ordre psychologique. Or, une des causes majeures d'échec des thérapeutiques antalgiques est la difficulté à établir le diagnostic correct des mécanismes à l'origine des symptômes douloureux. Ces difficultés pourraient s'expliquer par différents facteurs. On peut citer entre autres l'inadéquation de la classification actuelle des douleurs, la prise en compte, comme seuls critères de décision, d'éléments tels que l'étiologie ou la symptomatologie des douleurs, la mauvaise interprétation de l'existence d'un déficit sensoriel, l'absence d'utilisation de méthodes quantitatives d'évaluation des douleurs et l'absence d'identification des tissus lésés. L'objectif de cet article est de discuter certaines notions essentielles à connaître afin d'établir une thérapeutique en fonction des mécanismes des douleurs.