Biais dans l'évaluation volontaire de stimuli verbaux et non-verbaux : Effet de l'anxiété sociale
Auteurs : DOUILLIEZ C1, PHILIPPOT P1La présente étude vise à déterminer la présence d'un biais dans l'évaluation volontaire d'informations émotionnelles au sein d'une population tout-venante divisée en deux groupes selon le niveau d'anxiété sociale obtenu au Fear of Negative Evaluation (Watson & Friend, 1969). L'échantillon est composé de 39 sujets, 18 sujets faiblement anxieux socialement et 21 sujets anxieux socialement. Les sujets devaient évaluer le caractère menaçant de 150 stimuli (photos de visages, images et mots) sur une échelle variant de 0 à 4. Ces stimuli variaient en valence émotionnelle (négative, neutre ou positive) et en pertinence sociale (pertinente ou non socialement). Deux hypothèses alternatives issues de deux modèles différents -le modèle cognitivo-motivationnel de Mogg et Bradley (1998) et le modèle bi-mnésique des émotions de Philippot et al. (2001)- sont proposées: selon le premier modèle, les personnes anxieuses présentent un biais d'évaluation de l'information menaçante et vont de ce fait sur-évaluer la valeur menaçante des stimuli sociaux menaçants, ce qui rend compte de la présence de biais attentionnels; selon le second modèle, les personnes anxieuses et non anxieuses n'évaluent pas différemment l'information quelle que soit sa valence et qu'elle soit en lien ou non avec le thème anxieux de la personne. Les résultats indiquent que les anxieux sociaux et les non anxieux sociaux évaluent de la même manière les visages mais sur-évaluent le caractère menaçant des images et des mots menaçants. L'absence de biais d'évaluation pour des stimuli écologiquement valides tels que les visages a des implications théoriques pour les modèles cognitifs de l'anxiété et un intérêt clinique pour le traitement de la phobie sociale.