« Le cri du corps »
Auteurs : CARREL M1Marina est une patiente anorexique de 19 ans. Petite et très maigre, on la croirait à peine sortie de l'enfance. Devant la dépression profonde et le peu d'associations libres, je porte l'indication de psychodrame individuel. C'est ce traitement qui durera six ans que nous relatons dans cet article. Les rêves d'eau et de liquide, les piscines ou la mer peuplée de requins feront l'objet de nombreuses scènes de jeu. L'importance de l'homosexualité prirnaire et du rapprochement avec la thérapeute-femme que je suis nous retient au cours des jeux. La quête d'identification féminine est récurrente et poignante au point qu'elle me choisit dans un deuxième temps pour incarner les garçons qui l'intéressent. Pour affermir peu à peu l'acceptation d'un corps unisexué et non plus ambisexué, androgyne, elle vérifie l'intégrité de son propre corps dans celle identique du thérapeute-femme. Défaillance narcissique, défaut précoce de pare-excitation dans la relation maternelle, trop grande proximité avec un père-mère, tout cela la déborde. Elle se livre à ses crises de boulimie-vomissements pour contrôler tous les orifices, toutes les issues. La postadolescence qu'elle commence pourtant à accepter, l'inquiète. Pourra-t-elle abandonner ce double narcissique idéalisé, pour être livrée à la perte de contrôle et à l'élargissement des limites que représente la rencontre avec l'amant ? Le cri du corps pourra-t-il se métamorphoser en cri du coeur ?.