Facteurs influençant le délai d'initiation de l'antibiothérapie des méningites aiguës bactériennes de l'adulte admises aux urgences
Auteurs : JOYE F1, MARION F1, FERRANDIERE M1, LANOTTE R1, DEQUIN P2, PERROTIN D2Objectifs : Évaluer le délai d'initiation de l'antibiothérapie des méningites aiguës bactériennes de l'adulte aux urgences et identifier les facteurs qui l'influencent. Patients et méthodes : Étude rétrospective sur quatre ans des patients admis aux urgences pour lesquels le diagnostic de méningite aiguë bactérienne a été validé. Critères d'inclusion : âge > 15 ans, bactérie non tuberculeuse à la culture du liquide céphalorachidien ou du sang, protéinorachie > 0,40 g.L-1, glycorachie/glycémie <0,5, leucocytes >5.mm-3 (≥80% de neutrophiles) ou liquide céphalorachidien trouble. Critères d'exclusion: méningite tuberculeuse ou non-bactérienne ou nosocomiale, diagnostic incertain ou établi avant l'admission. Résultats: Cinquante et un patients, 27 hommes et 24 femmes, d'âge moyen 45 ans (16-89) ont été inclus dans l'étude. Le délai d'initiation de l'antibiothérapie moyen était de 216 minutes (30-975). Aucun patient n'a été traité en moins de 30 minutes. Les facteurs associés à un délai d'initiation de l'antibiothérapie plus long étaient: un motif d'admission autre que « syndrome méningé fébrile » (p = 0,041); un tableau clinique inhabituel (p = 0,032), en particulier l'absence de syndrome méningé ou de fièvre, l'existence d'un déficit neurologique, l'âge élevé; la réalisation d'une tomodensitométrie cérébrale avant l'antibiothérapie (p=0,027); la prise en charge par un interne au lieu d'un senior dans les cas difficiles (p = 0,017); le recours à un avis spécialisé (p = 0,013); le début de l'antibiothérapie en dehors des urgences (p = 0,016). Commentaire: Le délai d'initiation de l'antibiothérapie des méningites aiguës bactériennes est trop long. La variabilité interindividuelle des symptômes et la fluctuation des signes dans le temps en sont une cause essentielle. La réalisation d'une tomodensitométrie ou le recours à un avis spécialisé avant l'antibiothérapie prolongent le délai d'initiation de celle-ci. L'initiation de l'antibiothérapie doit se faire impérativement aux urgences et non par la suite, dans un autre service. La qualité du réseau de soins ville-hôpital et l'expérience clinique du médecin urgentiste sont des facteurs de gain de temps. Une « culture médicale trop fondamentaliste », au détriment d'une « éducation clinique plus pragmatique », pourrait être un facteur d'explication des retards constatés.