Depuis février 1984, sous l'égide des Centres nationaux de référence (CNR) pour la grippe, le réseau national des Groupes régionaux d'observation de la grippe (Grog) a pour objectif l'isolement des virus grippaux en circulation, la détection précoce des épidémies de grippe et la mise en alerte du système de soins. La « saison grippe » 2001-2002, caractérisée par la co-circulation épidémique de plusieurs agents infectieux respiratoires est une bonne occasion de décrire les messages d'alerte émis par le réseau, de tester leur précocité et leur pertinence, puis d'évaluer la place de la virologie dans ce dispositif d'alerte précoce. La précocité des messages est évaluée sur le délai écoulé entre la date de publication et celles du début et du pic de l'épidémie de grippe. La pertinence des messages est évaluée d'une part, sur l'adéquation entre ce qui est annoncé et ce qui est observé par la suite, et d'autre part sur leur adéquation avec les rapports d'activité des CNR pour la grippe (Institut Pasteur, Paris, Hospices Civils, Lyon) et les publications de l'Institut de veille sanitaire. La place des virologues est évaluée de façon pragmatique, en examinant, message par message, s'il aurait été possible de rédiger ce message en l'absence d'envoi de prélèvements rhinopharyngés aux laboratoires de virologie. L'analyse par des virologues expérimentés des prélèvements effectués par les médecins vigies des Grog a permis d'annoncer les premiers cas de grippe confirmée plus de trois mois avant le pic épidémique, de décrire les signes cliniques provoqués par les souches en circulation un mois et demi avant le début de l'épidémie, de déclencher la vaccination des « retardataires » un mois avant le début de l'épidémie, de signaler le pic au moment où il était franchi et d'identifier des souches A(H1N2). Aucune des informations annoncées n'a été contredite par la suite des événements. L'expérience des Grog pendant la « saison grippe » 2001-2002 confirme que la virologie est indispensable aux réseaux d'alerte grippe.