Grippe: zoonose et transmission inter-espèces
Auteurs : NAFFAKH N1, MANUGUERRA J1, VAN DER WERF S1Des virus grippaux de type A ont été isolés chez un grand nombre d'espèces animales. Les oiseaux aquatiques, chez lesquels les 15 sous-types d'hémagglutinine sont représentés, semblent constituer le réservoir des virus grippaux de type A, à partir duquel de nouveaux sous-types peuvent être épisodiquement introduits chez différentes espèces mammifères, et notamment chez l'homme. En règle générale, les virus aviaires se répliquent peu efficacement chez l'homme. Cependant, l'adaptation d'un virus aviaire à l'homme peut se produire, soit à la suite d'une transmission directe à l'homme, soit après réassortiment génétique avec un virus humain, ce qui peut donner lieu à des pandémies de grippe, comme ce fut le cas en 1918, en 1957 et en 1968. Plusieurs observations suggèrent que le porc, espèce également sensible aux virus grippaux humains et aviaires, peut servir de lien et de creuset de mélange dans les événements de transmission inter-espèces des virus grippaux. En outre, les volailles pourraient servir d'hôtes intermédiaires pour l'acquisition de déterminants favorisant la transmission à l'hôte mammifère. Les déterminants moléculaires de la spécificité d'espèce des virus grippaux humains et aviaires ne sont pas tous identifiés. L'hémagglutinine et la neuraminidase sont impliquées dans la restriction d'hôte, du fait de différences de spécificité vis-à-vis des récepteurs cellulaires. Par ailleurs, des études génétiques indiquent que les gènes codant pour les protéines internes du virus, et en particulier le segment PB2, sont porteurs de déterminants du spectre d'hôte. Cette notion a été renforcée par le fait que les virus aviaires H5N1 et H9N2, responsables de cas humains de grippe à Hong Kong en 1997 et en 1999 respectivement, possèdent une très grande homologie au niveau de leurs gènes internes. Cependant, le déterminisme polygénique de la spécificité d'espèce des virus grippaux de type A et de leur potentiel de transmission inter-espèces, ainsi que les mécanismes moléculaires mis en jeu, restent à élucider.