Hormone de croissance et dopage: difficultés du dépistage
Auteurs : SOUBERBIELLE J1, GUINOT M2, FINK E2, CRISTOL R2, PERIN L1, LE BOUC Y2L'hormone de croissance hypophysaire (GH) joue un rôle essentiel dons la croissance et le métabolisme glucidique, lipidique et protidique. Son effet sur la prolifération et la différenciation cellulaire, notamment cartilagineuse est médié par l'IGF 1 hépatique (effet endocrine) et/ou extra-hépatique (effet auto-paracrine). Les effets hypoglycémiants des IGF circulants sont limités par leur liaison à des protéines de liaison ou IGFBP, la plus importante quantitativement étant l'IGFBP3 dont la synthèse est également dépendante de la GH. Si, chez les sujets déficitaires en GH, le traitement par GH corrige notamment la composition corporelle par diminution de la masse grosse et augmentation de la masse maigre musculaire (expliquant la restauration de la force musculaire), l'effet dopant pour les sujets sportifs n'est pas évident, à part celui qui s'oppose au catabolisme protéique. Il semble toutefois que les doses utilisées soient très largement supra-physiologiques et potentialisent d'autres substances comme les anabolisants stéroïdiens. Les effets secondaires ne sont pas totalement caractérisés, mais sont potentiellement importants à long terme tant sur le plan vasculaire que tumoral. L'abus de GH recombinante par les athlètes est difficile à détecter. Cette substance est en effet identique à la forme principale secrétée par l'hypophyse dont la demi-vie est courte, les concentrations plasmatiques fluctuent physiologiquement de façon importante et les taux circulants sont très influencés par l'exercice musculaire. Le dépistage d'un dopage par la GH devrait se baser aujourd'hui, d'une part sur l'étude du rétrocontrôle exercé par la GH exogène sur la production hypophysaire de formes de GH quantitativement mineures comme la forme 20 kD, et d'autre part, sur la mesure et l'étude longitudinale des paramètres secondaires de l'action de la GH (IGF 1, IGFBP3, ALS, marqueurs osseux...).