Gaëtan Gatian de Clérambault et la genèse de la pensée délirante
Auteurs : ARBOUSSE BASTIDE J1La notion d'automatisme mental, énoncée tel un dogme par G. G. de Clérambault dans les années 20, transmise dans un enseignement resté en partie oral, et illustrée par les véritables leçons cliniques qu'étaient les certificats du maître de l'Infirmerie Psychiatrique, a vite été contestée par la jeune génération des psychiatres d'alors. Ceux-ci, devenus nos propres maîtres, nous ont fait parvenir une version quelque peu simplifiée, sinon déformée, d'une clinique en fait très riche, et qu'une lecture attentive des textes permet de reconstituer. C'est en fait au service d'un propos théorique que se trouve engagée cette finesse des analyses cliniques : démontrer, dans une visée purement mécaniciste, que le délire des psychoses peut trouver son origine dans une pensée étrangère à toute signification lui préexistant. Dans une visée tout autre, J. Lacan, jeune interne, y puisa, à l'en croire, son inspiration. Par ailleurs, l'idée d'un auto-engendrement, ne devant rien à un plan préétabli, se trouve curieusement au départ des spéculations qui conduisirent celui qui est considéré comme le père de l'informatique et de l'intelligence artificielle, A. Turing, à son grand projet d'une modélisation des processus de pensée.