Hypothermie cérébrale contrôlée du nouveau-né
Auteurs : CANTAGREL S1, SUC A1, ANDRO M1, DEBILLON T2L'asphyxie périnatale d'un nouveau-né à terme est un ensemble de perturbations de l'ensemble des fonctions du nouveau-né à la naissance, associant anomalies gazométriques (acidose respiratoire et métabolique) et anomalies cliniques multiviscérales, pouvant mettre en jeu le pronostic vital. La gravité de ce tableau tient surtout aux séquelles neurologiques possibles. Dans ce contexte, le refroidissement de l'organisme pour protéger le cerveau a été proposé depuis longtemps. Les premières tentatives datent des années 1950 à 1970. Elles n'ont pas permis d'améliorer le pronostic neurologique à cause, entre autres, de l'importance du refroidissement utilisé, ce qui a conduit à l'abandon de cette technique jusqu'au début des années 1990. Deux groupes d'arguments ont relancé l'intérêt porté à l'hypothermie. Les premiers sont d'ordre clinique : dans cette pathologie source de séquelles importantes que sont les asphyxies néonatales, il paraît nécessaire de rechercher de nouvelles thérapeutiques après l'échec des essais de différentes molécules " neuroprotectrices ". Le deuxième groupe d'arguments est d'ordre expérimental, en rapport avec la meilleure connaissance des perturbations énergétiques survenant après un accident d'hypoxie-ischémie (HI) cérébrale. Les enregistrements du métabolisme cérébral par spectroscopie du proton ont permis de montrer une diminution du métabolisme énergétique en deux temps. Après la défaillance énergétique initiale suivant l'HI, on observe dans un premier temps une récupération précoce d'un niveau d'ATP normal. Cette normalisation est suivie, dans les heures et les jours qui suivent l'HI, d'une diminution progressive de l'oxydation phosphorylative, avec ascension des taux de lactates et de phosphates inorganiques, et diminution du taux d'ATP. Au niveau cellulaire, cette diminution secondaire du pool énergétique correspond probablement à une mort neuronale par apoptose, phénomène hautement régulé faisant intervenir une cascade enzymatique (les caspases), et pouvant survenir de façon très retardée par rapport à l'ischémie. Il existe donc une " fenêtre " temporelle précédant ces phénomènes tardifs, pendant laquelle une intervention thérapeutique pourrait être possible. Ces nouvelles données, associées à la notion qu'un refroidissement modéré prolongé pouvait avoir un effet neuroprotecteur et moins d'effets secondaires qu'une hypothermie très profonde, ont motivé des essais chez l'animal puis le nouveau-né humain souffrant d'asphyxie néonatale [revue in 8-10].