Narcolepsie, rêves et/ou hallucinations hypnagogiques : Les rêves
Auteurs : CHETRIT M1Les recherches que nous présentons ici portent sur les caractéristiques des rêves des narcoleptiques, ainsi que sur les hallucinations hypnagogiques, ces « visions » souvent terrifiantes qui surviennent à l'endormissement et qui constituent l'un des signes cliniques du diagnostic. Nous avons récolté 361 récits de rêves et 10 récits d'HH à partir d'une population de patients narcoleptiques et de sujets sains appariés en sexe (5 femmes, 10 hommes), âge (20-71) et catégorie socio-culturelle venus dormir en laboratoire de sommeil, et auprès de deux enfants (un sujet sain de 9 ans et un adolescent narcoleptique de 15 ans) lors d'interrogatoires cliniques. Les récits de rêves des narcoleptiques étaient plus longs que ceux des sujets sains après réveil en sommeil lent, ce qui pourrait signifier que l'activité cérébrale en sommeil lent est plus propice à l'activité onirique que dans la population normale. Ce résultat peut s'ajouter aux éléments sur lesquels s'appuie l'hypothèse physiopathologique d'une dissolution des limites entre les différents états de vigilance dans la narcolepsie, ici entre sommeil lent et sommeil paradoxal. Un autre élément est le sentiment d'être conscient au cours des rêves, et de l'état hypnagogique. Nous montrons que dans de nombreux cas il ne s'agit en fait que d'une illusion de conscience car le sujet hallucine son corps et sa chambre. Nous proposons alors une nouvelle définition de l'hallucination hypnagogique, incluant le corps et l'environnement : l'état hypnagogique peut être pensé comme un danger menaçant le soi et le chez-soi. Cette définition possède deux avantages : être applicable aux deux grands types d'hallucinations, dites « simples » et « complexes », et ouvrir des perspectives interprétatives : l'hallucination hypnagogique constituerait alors le signe clinique d'un danger réel ou imaginaire menaçant l'intimité du sujet.