Vilma Kovács (1883-1940) : première théoricienne de la formation du psychanalyste et du contrôle analytique
Auteurs : RICAUD MDate 2000, Vol 71, pp 57-68Revue : Topique, revue freudienneSi le « contrôle » analytique a été inventé en 1920 par Max Eitingon à la Policlinique de Berlin afin de former « vite et bien » les jeunes analystes, cette pratique n'avait toujours pas fait l'objet de théorisation avant 1935. La première théorie du contrôle est l'oeuvre de la hongroise Vilma Kovács (1883-1940), dont nous présentons d'abord quelques données biographiques et bibliographiques, avant de nous centrer sur son article essentiel « Analyse de formation et analyse de contrôle ». Opposée au contrôle tel qu'il se pratique depuis déjà quinze ans dans les instituts de psychanalyse elle dénonce cette exigence institutionnelle comme superficielle et pédagogique. Le contrôle n'a pas de dimension analytique, et reste un simple apprentissage de la technique (et court le risque de devenir un lieu d'endoctrinement). Nous voudrions montrer que, dépassant les pratiques de Freud (à qui, par exemple, sa fille Anna vient rendre compte des quatre cures qu'elle mène) et de Ferenczi (dont Vilma a été la patiente puis l'élève et la collègue), V. Kovaes théorise de manière toute singulière-à la fois à partir de sa vie analytique mais aussi personnelle -« une analyse de contrôle », au bénéfice de l'analyste en formation et du patient. Le premier contrôle doit être mené par l'analyste didacticien, qui est, pour elle, le mieux placé pour aider l'analyste en formation à repérer son contre-transfert lors de la cure des son premier patient. Apport fondamental à la question, cet article (traduit in Moreau M. Topique 18, 1977) théorise la pratique de l'école de Budapest qui essaie de donner au contrôle une dimension analytique. Nous questionnons ensuite l'influence de cette pionnière dans la formation analytique actuelle.