Héparines et prévention des événements thromboemboliques veineux en milieu médical : synthèse
Auteurs : MISMETTI P1, KHER A, LAPORTE-SIMITSIDIS S1En milieu chirurgical, l'efficacité prophylactique des héparines n'est plus à démontrer. En milieu médical, les données de prévention sont nettement moins abondantes. A l'aide de métaanalyses des études réalisées en milieu médical, on peut néanmoins estimer que les héparines (non fractionnée et de bas poids moléculaire) prescrites à doses prophylactiques entraînent, par rapport à l'absence de traitement, une réduction significative d'environ 60 % du risque de thrombose veineuse profonde systématiquement recherchée en fin de traitement. En effet, cette réduction est observée dans l'infarctus du myocarde (659 malades, risque relatif = 0,35 ; p < 0,001), dans l'accident vasculaire cérébral (791 malades, risque relatif = 0,43; p = 0,002) et en médecine interne (845 malades, risque relatif = 0,43; p < 0,001). De plus, en médecine interne, cet effet sur les thromboses veineuses profondes s'accompagne d'une réduction significative du risque d'embolie pulmonaire clinique (14 843 malades, risque relatif = 0,49; p < 0,001) alors que l'effet sur les embolies pulmonaires cliniques n'est pas significatif dans l'accident vasculaire cérébral ni dans l'infarctus du myocarde. Toutefois, une réduction significative de la mortalité globale a été observée dans l'accident vasculaire cérébral. Enfin, il existe une tendance pour une augmentation du risque d'hémorragie majeure, notamment en médecine interne (12 621 malades, risque relatif = 1,87; p < 0,001). Au total, dans l'infarctus du myocarde et dans l'accident vasculaire cérébral, le rapport bénéfice-risque est favorable à un traitement prophylactique. En revanche, les populations étudiées en médecine interne sont hétérogènes en termes de risque thromboembolique veineux et il reste à déterminer pour quels patients le rapport bénéfice-risque d'une héparinothérapie prophylactique devient favorable.