Oubli, traumatisme et démence
Auteurs : CLEMENT J1Même si l'on reconnaît de plus en plus l'importance de l'affectivité au sein du processus démentiel, la mémoire et l'oubli sont à la fois les principaux déterminants proposés par le concept et par la sémantique, mais aussi ceux par lesquels la médecine et la recherche psychopharmacologique continuent à s'évertuer à soulager les patients qui souffrent. La souffrance démentielle ne serait donc qu'une affaire de mémoire, perdue ? Une autre affection est aussi une affaire de mémoire : le désordre psycho-traumatique mieux « catégorisé » sous le terme « d'état de stress post- traumatique». La mémoire y est comme -arrêtée par l'événement. Le sujet ne peut plus fonctionner correctement sur le plan cognitif. Il est absorbé par le traumatisme qui l'a enfermé dans un désarroi qui l'isole. Il est possible d'envisager que le sujet dément ait été aussi victime d'un ou de plusieurs traumatismes, sous forme d'événements de vie imprévus ou de situations contraignantes et prolongées. Quels liens entre les deux? Il serait intéressant de se tourner vers la biographie de l'un et de l'autre, mais aussi vers certaines nouvelles constatations faites dans une pathologie comme dans l'autre, tant sur les plans neuropsychologique, d'imagerie cérébrale, de neuroendocrinologie et de psycho-neuro-immunomodulation que sur le plan de la psychopathologie. Une hypothèse sur la compréhension de la maladie qui tiendrait compte de toutes ces données pourrait permettre de mieux percevoir que l'oubli peut être pathologique, mais aussi à la fois nécessaire et salutaire s'il était bien maîtrisé par le sujet traumatisé (et la psychothérapie?). Ne s'appellerait-il pas alors «dégagement» plutôt qu'oubli?.