Freud, théoricien du désaveu de paternité
Auteurs : TRAPET M1, TRAPET M.-D1En droit, l'aveu s'inscrit dans le système des preuves: en ce qu'il constitue une « présomption » légale, l'aveu dispense de preuve celui au profit duquel la présomption est éditée. Tout étranger qu'il puisse paraître à la préoccupation des psychanalystes, le droit de la preuve a intéressé Freud qui a manifesté, dans des textes importants, une connaissance approfondie de cette matière, singulièrement à travers la présomption de paternité. Le propos des auteurs, magistrats, consiste ici à mettre en évidence, à travers le texte freudien lui-même, l'intérêt d'une approche spécifiquement juridique de cette question. Le phénomène technique de la dispense de preuve manifeste la volonté du législateur d'épargner à l'enfant, grâce à la règle Pater is est, de devoir faire la preuve - impossible - de sa filiation. Freud a explicitement vanté les mérites de cette « présomption », évoquant le passage de la mère au père en termes de « victoire de la vie de l'esprit sur la sensorielle », donc de « progrès de la civilisation » [L'homme Moïse et la religion monothéiste]. Après lui, on se réjouit encore que l'enfant puisse, à la faveur de cette règle, conserver son « droit » à douter de son père, condition essentielle pour lui permettre d'écrire son « roman familial ». ». Même s'il travaille sur les fantasmes, l'analyste ne peut faire l'économie de la dimension juridique et sociétale de cette question de la paternité, cruciale en droit comme en psychanalyse.