Ostéomalacie dans un cas d'anorexie mentale sévère
Auteurs : OLIVERI B1, GOMEZ ACOTTO C1, MAUTALEN C1Une femme de 27 ans souffrant d'une anorexie mentale depuis l'adolescence nous a été adressée pour des douleurs osseuses à prédominance nocturne et une incapacité à se mettre debout. Une fracture du bassin diagnostiquée un an plus tôt ne s'était pas consolidée. Les examens de laboratoire ont mis en évidence une hypophosphorémie, une calcémie normale après correction pour l'albuminémie et une calciurie effondrée, Les concentrations sériques de phosphatase alcaline osseuse et de parathormone étaient augmentées, tandis que celle de 25-hydroxyvitamine D était très basse. Les radiographies ont montré de nombreuses fractures vertébrales et costales, ainsi que des images fortement évocatrices d'ostéomalacie, à savoir des fissures de la branche ischio-pubienne gauche, une fracture complète bilatérale des branches ilio-pubiennes et une strie de Looser -Milkman du bord interne de l'omoplate droite. Une ostéomalacie par carence en vitamine D compliquée d'hyperparathyroïdie secondaire paraissait fortement probable. Une biopsie osseuse avec examen histomorphométrique et marquage de la substance ostéoïde aurait été nécessaire pour confirmer ce diagnostic, mais n'a pas été réalisée en raison de la grande instabilité émotionnelle de la patiente. Une absorptiométrie à rayons X en double énergie a mis en évidence une déminéralisation sévère. Deux mois après la mise en route d'un traitement par vitamine D et calcium, les douleurs s'étaient atténuées et la patiente était capable de se tenir debout. La calcémie avait augmenté ; les concentrations de phosphore, 25-hydroxyvitamine D et parathormone s'étaient normalisées et les pseudofractures semblaient en voie de consolidation. L'ostéoporose est une complication bien connue de l'anorexie mentale. Notre observation démontre qu'une ostéomalacie est aussi possible. Un dosage des diverses formes de vitamine D est justifié en cas d'anorexie mentale sévère et prolongée.