G-CSF : mécanisme d'action et activité anti-infectieuse
Auteurs : ROUVEIX B1, GIROUD J1, LEVACHER M1Les maladies infectieuses restent une cause majeure de morbidité et de mortalité. L'altération des mécanismes naturels de défense contre l'infection, l'émergence préoccupante de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques et la pénurie d'anti-infectieux nouveaux rendent nécessaire la mise au point d'adjuvants thérapeutiques. Les facteurs de croissance hématopoïétiques, dont le Granulocyte-Colony Stimulating Factor (G-CSF), sont utilisés dans la prophylaxie et le traitement d'épisodes fébriles chez les patients neutropéniques traités par une chimiothérapie antitumorale. A ce jour, et depuis plus de 10 ans, des centaines de milliers de patients ont été traités par le G-CSF, en administration quotidienne sous-cutanée, répétée le plus souvent avec une bonne tolérance, afin de réduire la durée des neutropénies et des complications associées. Le G-CSF stimule la production des neutrophiles et active leurs fonctions anti-microbiennes in vitro et in vivo. Ainsi la production d'anions superoxydes est facilitée, de même que la migration, la phagocytose et la cytotoxicité dépendante des anticorps (phénomène ADCC). La bactéricidie est augmentée pour de nombreux micro-organismes : bactéries à gram positif ou négatif, champignons et levures. L'expression et l'affinité d'un certain nombre d'antigènes de surface sont modulées (FcγRI, FcγRIII, LAM-1, L-sélectine, CD11b/CD18, CD14, CD66b). En outre, la survie des neutrophiles est augmentée par retard du passage en apoptose. L'ensemble de ces effets suggère que les défenses naturelles de l'organisme contre les micro-organismes peuvent être stimulées par le G-CSF. Récemment, des données obtenues sur des polynucléaires neutrophiles humains montrent que le G-CSF administré in vivo avec des antibiotiques, augmente la concentration intra-cellulaire de ces derniers, concourant à un effet bactéricide synergique. Cette activité anti-infectieuse potentielle du G-CSF a été évaluée à l'aide de nombreux modèles d'infection expérimentale sévère chez l'animal, en particulier des modèles de péritonite, pneumonie, endocardite et septicémie. Un effet globalement favorable a été rapporté sur la bactéricidie des neutrophiles et la survie des animaux bien qu'il convienne de tempérer cet effet si l'on considère les conditions opératoires souvent limitantes. Ces résultats, dans l'ensemble, justifient et encouragent l'utilisation du G-CSF associé à une antibiothérapie au cours d'infections aiguës communautaires ou hospitalières non-neutropéniques.