Cet article montre que la notion de « fracture territoriale » opposant les métropoles aux autres territoires est réductrice si l’on se place du point de vue d’une géographie de la pauvreté. Les métropoles ne concentrent pas seulement les richesses, les entreprises les plus créatrices de valeur ajoutée et les salariés diplômés, mais aussi des populations pauvres. Et ces dernières ne sont pas uniquement cantonnées aux banlieues. Elles sont également très présentes dans les centres, alors même que ceux-ci s’embourgeoisent, à des degrés divers selon les cas. Les centres sont donc des espaces particulièrement inégalitaires. L’analyse de la répartition des populations pauvres dans les centres dans huit des principales métropoles françaises montre un double phénomène : une concentration dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, mais également une dispersion dans l’ensemble des quartiers, y compris les plus riches. L’éclairage apporté sur la pauvreté dans les quartiers riches met au jour une population dont on ne parle pas et qui se trouve confrontée à des problèmes spécifiques.