L’apport de cet article réside dans l’angle d’attaque utilisé pour appréhender l’évolution de la gouvernance des services publics. L’approche par la transition suppose en effet de décrypter les indicateurs de changements, d’en comprendre l’intensité, mais aussi quelles en sont les formes, les moteurs et les résistances. Pour ce faire, la focale est portée sur les acteurs de l’accès aux services d’eau en Roumanie, en interrogeant tant les changements institutionnels depuis la fin de l’ère communiste que les modèles de développement spatial et économique suivis depuis l’intégration à l’Union Européenne. Or, si une évolution des modes de gestion et de tarification des services est visible dans ce pays, la régulation institutionnelle du secteur suit une certaine « dépendance au sentier » par le maintien de la centralisation administrative et la promotion du modèle des pôles de croissance. Sur le plan de la desserte territoriale des populations, les indicateurs collectés traduisent ainsi un creusement de l’écart entre les pôles majeurs et les petites villes/espaces ruraux. L’atonie de la transition trouve ses origines à la fois dans des fonctionnements socio-politiques internes, dans des normes d’intervention de l’Union Européenne qui appuient l’existant et dans une attractivité relativement faible du secteur pour les acteurs extérieurs.