Sur les 15 dernières années, la prise en charge des anévrismes de l’aorte abdominale (AAA) s’est considérablement modifiée. Le traitement de référence, la chirurgie ouverte, a peu à peu été supplanté par la réparation endovasculaire des AAA (EVAR), permettant ainsi d’étendre les indications à des patients plus âgés, avec plus de comorbidités. Au début, EVAR était réservé aux AAA sous-rénaux et 40 % des patients ne pouvaient pas en bénéficier en raison des contraintes anatomiques au niveau du collet proximal. Pour y pallier, des techniques hybrides sont apparues, proposant un « debranching » des vaisseaux viscéraux associé à une couverture par EVAR, suivies de techniques exclusivement endovasculaires, permettant d’élargir les indications en maintenant une zone d’étanchéité suffisante, à savoir les endoprothèses fenestrées (f-EVAR), branchées, les cheminées (c-EVAR), les techniques sandwich ou des méthodes combinées f-EVAR et c-EVAR. Ainsi 58 % des patients sont traités en dehors des conditions d’utilisation des endoprothèses. Les indications doivent être rigoureuses car le bénéfice à long terme sur la survie après EVAR reste discutable pour les AAA juxta-rénaux, laissant une place à la chirurgie ouverte chez les patients avec une espérance de vie et un risque opératoire acceptables. De plus, le taux plus élevé de réinterventions nécessaires à la pérennité du montage justifie une surveillance régulière par imagerie, avec un coût à long terme plus élevé. Il est donc primordial de sélectionner attentivement les patients pouvant bénéficier de ce type de procédure.