Les médias s’ingénient à clamer le besoin d’antidotes pour les (nouveaux) anticoagulants oraux directs (ACOD). Pour avoir une juste estimation de ce besoin, il faut prendre en compte :

– que pour beaucoup d’autres thérapeutiques, il n’existe pas d’antidote et que personne ne s’en émeut, comme par exemple les antiplaquettaires dont en particulier les nouveaux sont aussi hémorragipares ;

– que pour le compétiteur ancien que sont les AVK (qui eux-mêmes n’auraient probablement pas l’AMM s’ils présentaient un dossier aujourd’hui), même si les antidotes sont disponibles (PPSB et vitamine K), les protocoles sont établis, acceptés et diffusés. Pour autant leur mise en application n’est pas idéale : ils ne sont utilisés que dans la moitié des cas où ils pourraient l’être, et encore pour 50 % de ces cas ils ne sont pas utilisés à la dose préconisée, conduisant de ce fait à des résultats qui, globalement, ne sont pas différents des hémorragies observées sous ACOD pour lesquels les antidotes ne sont pas disponibles ;

– les antidotes sont en cours de développement et devraient être disponibles mais pas avant deux ans !

Ce bruit de fond sur l’absence d’antidotes inquiètent les médecins lorsqu’ils prescrivent un ACOD et surtout les patients qui ont l’impression qu’on leur prescrit un traitement dangereux alors qu’ils ne sont pas informés que les AVK sont au moins aussi dangereux. Quand les patients tirent tout le bénéfice et aucun des inconvénients des AVK, il n’y a pas de raison de s’émouvoir de cette stigmatisation des ACOD mais quand les ACOD pourraient apporter un bénéfice (ou une sécurité) pour le patient que les AVK n’apportent pas, il y a peut-être lieu de s’en émouvoir.

Cette mini-revue a pour objectif de faire le point sur ces différentes notions car ici, comme souvent ailleurs, il faut savoir raison garder.