Cette étude rétrospective, portant sur un nombre important de dossiers, donne une vision de la prise en charge du cancer de prostate diagnostiqué avant 55 ans selon les modalités en vigueur dans le contexte de l’étude, afin de proposer des pistes de réflexion pratiques en 2005. Entre janvier 1974 et décembre 2001, 365 patients porteurs d’adénocarcinomes prostatiques ont bénéficié d’un diagnostic anatomopathologique avant l’âge de 55 ans. Ces patients ont été pris en charge au sein des départements de cancérologie des hôpitaux appartenant au groupe des cancers rares. Un questionnaire a été rempli rétrospectivement permettant l’analyse des données médicochirurgicales des patients enregistrés. Les méthodes thérapeutiques ont été celles en vigueur dans les différentes institutions et ont été évolutives en fonction des standards. La présentation anatomoclinique des patients de la série était la suivante : 36 % des tumeurs présentaient un score de Gleason supérieur à 7, 56 % des malades avaient une tumeur classée T3-T4 et 31 % avaient des métastases au moment du diagnostic. D’un point de vue thérapeutique, quatre groupes ont été distingués : 83 malades ont bénéficié d’une prostatectomie radicale, 155 d’une radiothérapie prostatique à visée curative, 87 ont reçu une hormonothérapie exclusive et 40 autres patients, dont l’état général était précaire, un traitement purement symptomatique. À 10 ans, la survie sans rechute est de 38 % pour les patients sans métastases initiales et de 1 % pour les patients métastatiques d’emblée. L’analyse multivariée confirme l’impact significatif d’une radiothérapie prostatique sur le taux de rechutes locales, de cette même radiothérapie et du stade T sur le taux de rechutes à distance. La survie est significativement influencée par l’envahissement métastatique, l’envahissement ganglionnaire et la survenue d’une rechute locale. L’analyse séparée considérant deux périodes de prise en charge (1974-1989 et 1990-2001) ne montre pas de différences au regard des résultats thérapeutiques. Cette étude rétrospective suggère que l’âge ne constitue pas un facteur pronostique défavorable \; les thérapeutiques à visée curative permettent, à stade comparable, une guérison dans des proportions identiques \; les traitements ayant considérablement évolué, une nouvelle analyse avec un recul supérieur devrait permettre de mettre en évidence leur impact sur les rechutes et la survie \; le dépistage du cancer de la prostate dans certaines formes familiales aboutira sans doute à une augmentation des diagnostics chez des sujets de moins de 55 ans \; dans ce contexte, une information précise et complète sur les morbidités inhérentes à chaque proposition thérapeutique conduira à une meilleure acceptation du traitement et de ses séquelles éventuelles.