Aspirine : la dose ne fait pas l’effet Aux États-Unis, un essai ouvert, pragmatique, randomisé et contrôlé, a cherché à mesurer l’effet de la dose d’aspirine en prévention secondaire des maladies cardiovasculaires. Il a inclu 15 076 patients avec un antécédent d’infarctus du myocarde, de revascularisation coronaire, d’accident vasculaire cérébral, de sténose coronarienne d’au moins 75 % ou d’angor. Pour être inclus, ils devaient également présenter au moins un des critères suivants : plus de 65 ans, diabète, tabagisme actif, artérite des membres inférieurs, insuffisance cardiaque, pression artérielle systolique > 140 mmHg ou LDL-cholestérol > 1,30 g/L. Ils ont été randomisés en deux groupes, recevant une dose quotidienne de soit 81 mg, soit 325 mg d’aspirine. Les deux groupes étaient similaires sur le plan de l’âge médian (67,6 ans), du sexe, de l’origine ethnique et des antécédents. Ils ont été suivis pendant une médiane de 26,2 mois. Un décès, une hospitalisation pour un infarctus du myocarde ou pour un accident vasculaire cérébral est survenu chez 7,28 % des patients du groupe à 81 mg et 7,51 % patients du groupe 325 mg (HR = 1,02 ; IC95 = 0,91-1,14). Cette absence de différence significative a été retrouvé quel que soit le critère d’efficacité. Une hospitalisation pour hémorragie majeure associée à une transfusion est survenue chez 0,63 % des patients du groupe 81 mg et 0,60 % des patients du groupe 325 mg (HR = 1,18 ; IC95 = 0,79-1,77). L’observance semblait significativement meilleure chez les patients traités par 81 mg d’aspirine. Cet essai de bonne qualité ne donne aucun argument pour traiter les patients à de plus hautes doses d’aspirine, en prévention secondaire, tout en rassurant sur les effets secondaires graves associés. Cependant, les doses étudiées ne sont pas commercialisées en France et des données françaises seraient donc les bienvenues. N Engl J Med 2021. doi: 10.1056/NEJMoa2102137.