Médecins généralistes et cannabis en France : interroger les jeunes sur leur consommation ?
Auteurs : Laporte C., Hamma S, Dupouy J, Kinouani S, Pautrat M, Authier N, Llorca PM, Brousse G, Vorilhon P.Date 2016 Mai-Juin, Num 125, pp 120-9Revue : La Revue ExercerContexte. La consommation de cannabis chez les 15-34 ans a dépassé les consommations de tabac et d’alcool en France. Les effets délétères à court et à long termes de la consommation de cannabis sont nombreux et connus. L’outil de repérage CAST et l’intervention brève pour la prise en charge des consommations modérées sont largement encouragés. Pourtant, les MG interrogent peu leurs patients sur leur consommation de cannabis.Objectifs. Aider les MG à comprendre pourquoi il est nécessaire de réaliser un repérage de la consommationde cannabis notamment auprès des plus jeunes. Fournir aux généralistes des informations pour construire leur repérage et leur intervention auprès de leurs patients consommateurs.Méthode. Revue narrative de littérature réalisée à partir des bases de données PubMed et Cochrane, des sites nationaux sanitaires et gouvernementaux de lutte contre les addictions, et des recommandations et législations de plusieurs pays.Résultats. Le médecin généraliste a plusieurs outils à sa disposition pour bien connaître les produits consommés à base de cannabis, et donc aborder la question avec ses patients en étant avisé. Les risques aigus et chroniques de la consommation de cannabis, qu’ils soient biomédicaux ou psychosomatiques, sont maintenant bien établis. Le message est sans équivoque pour l’adolescence : la consommation de cannabis provoque des dommages neuro-cérébraux et donc des répercussions neuro-psychiatriques aiguës et chroniques irréversibles. Le médecin généraliste peut s’appuyer sur ces données pour informer chaque patient sur ses risques de manière personnalisée. Les observations dans différents pays ne permettent pas actuellement de se positionner sur les effets du système législatif sur la consommation. Le médecin, comme pour la consommation d’alcool ou de cigarettes, doit adopter une posture d’expert de santé et faire abstraction de ses représentations et du débat sociétal sur la manière d’aborder ce produit.Conclusion. Les généralistes doivent rechercher la consommation de cannabis, notamment chez les jeunes patients, de manière systématique, quel que soit leur motif de consultation initial. L’évaluationen termes de quantité mais surtout de répercussions sur la vie somatique et psychosociale dictera leurconduite à tenir : intervention brève ou orientation vers une consultation spécialisée.
Des descripteurs MeSH seront prochainement assignés à cet article.