Contexte. Il existe actuellement en France un contexte de controverses médiatiques au sujet des questions de l’euthanasie et/ou du suicide assisté. Les objectifs de cette étude étaient d’explorer les représentations et repères éthiques des médecins généralistes quant à ces questions afin de définir une éthique de la pratique.Méthode. Une étude qualitative par entretiens semi-directifs, individuels et collectifs, avec un échantillonnage théorique a été menée de février à septembre 2014. Le guide d’entretien utilisé a abordé la médiatisation de ces questions, le récit de situations authentiques et le mécanisme de décision. Le nombre d’entretiens a été conditionné par la recherche de la saturation des données. La validité interne a été établie par une double analyse indépendante des données issues de la retranscription.Résultats. Pour différencier l’euthanasie du suicide assisté, les médecins ont décrit les patients susceptibles de faire de telles demandes et le rôle du médecin. Idéalement, le patient était au centre d’une décision collégiale, voire collective. La médiatisation des affaires s’est avérée clivante. Elle était soit libératrice de la parole, soit source de controverse dangereuse. La mort et le meurtre étaient tabous. La loi était le repère éthique principal des médecins. Les inégalités sociales et médicales ont fait demander à certains une nouvelle loi. Les médecins exprimant clairement leurs croyances religieuses craignaient une loi de l’émotion pour des exceptions.Conclusions. Le contexte de la fin de vie semble propice à une analyse éthique de situation (ethically based medecine). La décision du patient dépend de son autonomie, de sa vulnérabilité et de sa dignité. Celle du médecin dépend de son questionnement intérieur entre professionnalisme, représentations et croyances. Les données de la recherche s’enrichissent des principes philosophiques d’intentionnalité et de responsabilité.