La maladie veineuse chronique touche 30 à 40 % des individus au cours de leur vie ; en France, avec 70 millions d’habitants, la demande potentielle de soins est colossale. Les traitements des varices reposent essentiellement sur les techniques endoveineuses chimiques et thermiques, dont les effets secondaires sont très majoritairement bénins. Parmi les évènements sérieux, les accidents thromboemboliques surviennent dans moins de 1 % des cas ; cependant, même exceptionnel, le risque de survenue d’une embolie pulmonaire reste une préoccupation.Peu de données publiées définissent la population à risque thrombotique pour ces techniques et la thromboprophylaxie médicamenteuse adaptée.Pour la sclérothérapie, en croisant le consensus de Tegernsee (2006) et les recommandations européennes (2014), on peut considérer, qu’en dehors des thromboses aiguës, le haut risque thrombotique inclut les antécédents de thrombose veineuse profonde, les thrombophilies sévères connues, l’état d’hypercoagulabilité et le cancer actif, le geste devant alors être couvert par une prévention par héparine de bas poids moléculaire durant une semaine.Pour l’ablation thermique, la Haute Autorité de santé préconise de faire une thromboprophylaxie médicamenteuse uniquement chez les sujets à risque, mais sans définir cette population, ni le type de thromboprophylaxie.À la suite des résultats d’une enquête menée auprès des chirurgiens vasculaires anglais et irlandais, le Venous Forum de la Royal Society of Medicine a publié sur son site des recommandations pour la thromboprophylaxie après traitements des varices. Les experts proposent une évaluation individuelle du risque qui s’appuie sur une liste de facteurs de risque, dont les plus significatifs seraient les antécédents thrombotiques personnels ou familiaux « solides », la thrombophilie connue et la mobilité réduite, suivie d’un algorithme avec trois niveaux de risque et la thromboprophylaxie correspondant. Ils suggèrent d’éviter une thromboprophylaxie inutile en l’absence de risque ou sur faible risque, mais de prolonger la durée des anticoagulants préventifs à plusieurs semaines pour les sujets au risque le plus haut. Les anticoagulants oraux directs pourraient être utilisés, bien que n’ayant aucune autorisation pour cet usage.En conclusion, la population à risque thrombotique pour les traitements des varices, reste mal définie, de même que le type et la durée de la thromboprophylaxie médicamenteuse si celle-ci est indiquée ; des études et travaux supplémentaires restent donc nécessaires.