L’approche psychopathologique et clinique des processus psychiques en jeu dans la phase d’éveil de coma permet une exploration singulière des processus de subjectivation. Cette approche relativement récente est liée à la présence de psychologues cliniciens dans les services de réanimation. Cependant, cette « clinique » de l’éveil plonge ses racines dans les pratiques psychiatriques du début du 20e siècle avec la pratique des « comas thérapeutiques » tels que les comas dits « insuliniques » où le moment de l’éveil était pensé comme un « événement thérapeutique » permettant un réaménagement psychique. Nous proposons de penser ces processus psychiques engagés dans l’éveil de coma comme mobilisant le registre de la symbolisation primaire articulant éprouvés et échanges intersubjectifs au sein d’une relation comportant une part de dépendance aux réactions de l’environnement. D’une part, l’étude des propos des patients lors de l’éveil de coma nous permet de définir plusieurs fonctions aux productions dites « délirantes » : une fonction protectrice, une fonction transitionnelle, une fonction organisatrice, une fonction d’appropriation/évacuation. D’autre part, l’incapacité à éprouver une sensation tolérable de douleur permet un premier ré-ancrage dans le corps. Alors que l’impossibilité de ressentir la douleur suscite l’investissement de productions hallucinatoires. Cette étude se conclut sur la nécessité de recourir à une écoute clinique des propos prononcés lors de phases d’éveil de coma.