En France les morts maternelles sont un événement rare, mais la moitié reste considérée comme évitable. La santé reproductive en amont de la grossesse et une planification non optimale peuvent influencer son déroulement y compris sous forme de complications maternelles sévères. L’objectif de cette étude est de quantifier les grossesses non planifiées parmi les femmes décédées de mort maternelle puis d’étudier l’imputabilité de l’absence de planification et des facteurs associés dans leur survenue. Le but étant la recherche de facteurs d’évitabilité et de pistes concrètes d’amélioration de la prise en charge.Matériel et méthodeAnalyse descriptive rétrospective des données de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles entre 2007 et 2015. Après identification de la population étudiée, l’analyse porte sur les données épidémiologiques, les causes et circonstances de décès ainsi que leur évitabilité.RésultatsCinquante-sept décès maternels sont survenus dans un contexte identifié de grossesse non planifiée, soit 7,4 % des décès maternels en France entre 2007 et 2015. Le contexte de non-planification était une IVG pour 20 patientes, une grossesse cachée pour 6, un déni pour 12, une grossesse sous contraception pour 8 et 11 grossesses non désirées. Ces femmes présentaient un contexte social défavorisé pour 45 % et des antécédents psychiatriques pour 34 %. Les deux causes principales de décès post-IVG sont l’hémorragie et le suicide. Ce sont le suicide, la décompensation de maladie chronique et l’infection pour le reste des décès. Parmi l’ensemble des décès, 51 % sont jugés évitables ou peut-être évitables par les experts. Les facteurs d’évitabilités retrouvés sont en lien avec le contenu des soins dans 81 % des cas et avec l’interaction de la patiente avec le système de soins dans 78 %.ConclusionUne mort maternelle sur 13 survient dans un contexte de grossesse non planifiée, souvent en présence de vulnérabilité sociale ou psychiatrique et associée à une véritable difficulté d’interaction avec le système de soins. Faciliter l’accès aux soins gynécologiques et pré-conceptionnels et penser le parcours de soins des femmes dans un continuum intégrant la santé reproductive et la santé maternelle pourrait avoir un impact direct sur la mortalité maternelle globale.