La médecine prédictive, qui s’appuie sur les avancées en génomique, a le potentiel de contribuer au développement de nouvelles interventions préventives en santé publique. Cette approche soulève toutefois plusieurs enjeux éthiques et sociaux et la participation du public est essentielle. Cette étude s’appuie sur la théorie de la structuration afin d’explorer comment des membres du public anticipent le potentiel et les limites de cette forme de prévention et de clarifier les processus de raisonnement sous-jacents. Quatre groupes de délibération, réunissant un total de 38 participants, ont été organisés à Montréal (Québec, Canada) pour débattre d’une technologie fictive de prévention basée sur le risque génétique. Les résultats indiquent que la nature préventive de ce « rectificateur » cardiaque n’est pas interprétée de manière univoque par les membres du public puisqu’il pourrait soutenir à la fois de la « bonne » et de la « mauvaise » prévention. Pour les participants, la légitimité de son utilisation varie selon les groupes qui seraient ciblés par la technologie et son potentiel et ses limites sont indissociables des dynamiques de marché et du rôle des instances publiques. Cette étude contribue aux connaissances actuelles en dégageant des pistes de réflexion quant à la place de la médecine prédictive en santé publique.