ObjectifL’objectif de cette étude était de mesurer les résidus de pesticides présents dans le lait maternel et le méconium pour mieux évaluer les risques sanitaires chez les nouveau-nés. L’analyse du méconium offre un aperçu de l’exposition in utero cumulative aux résidus de pesticides et celle du lait maternel renseigne sur l’exposition dès les premiers jours de vie.MéthodeAnalyse de résidus de pesticides par chromatographie liquide et gazeuse couplée à la spectrométrie de masse en tandem d’échantillons de méconium et de lait maternel. Ceux-ci ont été collectés au Sénégal auprès de 118 femmes enceintes recrutées en fin de grossesse, suivi d’une administration de questionnaire. Au total, 350 composés (parents et métabolites) ont été recherchés.RésultatsL’analyse du questionnaire met en évidence une utilisation de biocides chez 75 % des femmes. Tous les résultats sont exprimés par fréquence de détection et concentration moyenne en ng.g⁻¹. Les plus fréquemment détectés dans le lait maternel appartiennent principalement à la famille des organochlorés : ∑DDT 97,78 % (6,6), HCH 40 % (0,166), HCB 17,77 % (2,5); des pyréthrinoïdes : cyperméthrine 33,33 % (15,86) cyhalothrine 31,11 % (95,93); ainsi que de la diphénylamine 28,88 % (20,61). Le DEET est retrouvé dans 73,33 % des échantillons (289,6). Dans le méconium les résultats mettent en exergue un nombre de pesticides contributeurs plus importants, au moins 2 dans le lait maternel contre minimum 7 dans le méconium. Dans ce dernier les pesticides les plus fréquemment détectés sont des organochlorés avec l’endosulfan 100 % (1,81), le ∑DDT 91,11 % (7,23), le trichlorophénol 88,89 % (1,14). Les résultats montrent la présence d’organophosphorés parents comme le chlorpyriphos 92,60 % (1,04) et l’azinphos 83,33 (82,15). Le DEET a été détecté dans 55,56 % (7,02).DiscussionLes résultats obtenus révèlent une exposition des femmes enceintes à divers résidus de pesticides. La présence d’organochlorés dans le lait maternel particulièrement de DDT a déjà été rapportée dans des pays comme l’Inde, Taiwan, l’Iran, le Vietnam, le Bangladesh, la Pologne, la Russie, le Brésil, l’Australie et la Norvège. L’exposition in utero à des organophosphorés et à des pyréthrinoïdes a été associée positivement à une augmentation du risque de survenue de leucémies infantiles.ConclusionLes premiers résultats de l’étude PMETox mettent en évidence qu’une exposition des femmes enceintes à de multiples résidus de pesticides est associée à une exposition fœtale durant la grossesse. Leur présence dans le lait maternel implique que cette contamination se poursuit au moins dans les premiers jours de vie.