ObjectifNotre étude avait pour but d’évaluer l’exposition aux pesticides chez les travailleurs des bureaux municipaux d’hygiène (BMH) à travers l’analyse des échantillons urinaires et sanguins au niveau du laboratoire du Centre Antipoison et de Pharmacovigilance du Maroc (CAPM-LAB). Il s’agit de la première étude qui se fait dans la région de Rabat-Salé-Kenitra et la deuxième à l’échelle marocaine.MéthodeC’est une étude descriptive réalisée sur 8 mois (mai–décembre 2018) incluant 40 travailleurs de BMH consentants. Les données ont été recueillies à partir d’un questionnaire (caractéristiques épidémiologiques du participant, informations sur l’exposition, moyens de protection utilisés). Tous les travailleurs ont fait les analyses pour la première fois. Les prélèvements sanguins et urinaires ont été réalisés après un délai de 20 h depuis la dernière exposition. Le sang total a été utilisé pour la mesure de la butyrylcholinestérase (BChE) et l’acétylcholinestérase (AChE) (ChE check mobile). Un screening large urinaire par extraction liquide-liquide a été fait par la chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (GC Clarus®680 GC-PerkinElmer, Clarus®SQ 8 C) et la chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (3200Q TRAP- AB Sciex). La bibliothèque spectrale est composée de 300 molécules pour la LC-MS-MS et de plus de 5000 molécules pour la GC-MS.RésultatsLa moyenne d’âge des travailleurs était de 51 ± 6 ans. Tous les participants étaient de sexe masculin avec un index de masse corporelle de 24,65 ± 3,45 kg/m2. Parmi les 40 sujets, trois travailleurs sont diabétiques et 55 % sont des fumeurs. Les produits phytosanitaires utilisés appartiennent aux classes des pyréthroides et organophosphorés (Deltaméthrine, Bifenthrine, Permethrine, Cyperméthrine, Tetraméthrine, Es-biothrine et Téméphos). La durée d’exposition était de 1 à 36 ans avec une moyenne de 25 h par semaine. Un total de 62 % des travailleurs ont répondus qu’ils utilisent des gants, des masques et des blouses lors de leur travail. Aucun cas d’intoxication durant la période de manipulation des produits n’a été enregistrée. Les valeurs mesurées de l’AChE et de la BChE étaient normales, avec 44,90 U/gHb et 3187,97 U/L de moyenne respectivement. La recherche des pesticides dans les urines était négative.ConclusionLes résultats négatifs de screening des pesticides seraient en rapport avec la toxicocinétique des différents produits recherchés ou avec les limites de notre méthode de screening qui ne prend pas en considération les métabolites des pesticides même si les deux bibliothèques comprennent les molécules utilisées par les travailleurs. Il est donc nécessaire de développer une méthode spécifique qui cible les métabolites des différents pesticides utilisés au Maroc.