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Décès par injection accidentelle d’atracurium : résultats des investigations toxicologiques

Auteurs : Mura P1, Houpert T2, Brunet B1, Eibel A3, Lelong J1, Sauvageon Y1, Kintz P3
Affiliations : 1Service de toxicologie et pharmacocinétique, centre hospitalier universitaire, Poitiers, France2Service de médecine légale, centre hospitalier universitaire, Poitiers, France3Laboratoire de toxicologie, institut de médecine légale, Strasbourg, France
Date 2017 Mai, Vol 29, Num 2, Supplement, pp S46-S46Revue : Toxicologie Analytique et CliniqueDOI : 10.1016/j.toxac.2017.03.061
O58
Résumé

ObjectifDéterminer les concentrations de laudanosine (produit de transformation immédiate de l’atracurium dans l’organisme) dans différents milieux biologiques à la suite d’une injection accidentelle de 5 mL d’atracurium à la place de 5 mL de Débridat®à une patiente vigile ayant entraîné son décès en quelques minutes.MéthodeDes prélèvements de sang périphérique, d’humeur vitrée et de bile ont été effectués au cours de l’autopsie et transmis pour recherche des causes de la mort. Les curares ont été recherchés par chromatographie en phase liquide après extraction en milieu acide par du dichlorométhane après appariement d’ions par iodure de potassium, séparation sur colonne en phase inverse symmetry®C8 et détection par spectrophotométrie à barrette de diodes et par spectrométrie de masse en tandem sur un système Waters Xevo TQD. La laudanosine a été quantifiée par HPLC-UV/BD après identification précise par LC-MS/MS. Un screening sanguin large a également été effectué sur Xevo-G2 XS QTOF pour rechercher la présence de trimébutine, qui aurait dû être injectée à la place de l’atracurium.RésultatsLa trimébutine n’a pas été identifiée dans le sang périphérique, confirmant ainsi l’erreur de produit injecté. La laudanosine était présente dans le sang périphérique à une concentration de 2400 ng/mL, et ses concentrations dans l’humeur vitrée et dans la bile étaient respectivement de 183 et 188 ng/mL. Ont également été identifiés dans le sang périphérique de la morphine (6,2 ng/mL), de l’oxazépam (125 ng/mL) et de la pholcodine (299 ng/mL).ConclusionAprès injection, le bésilate d’atracurium se dégrade spontanément en laudanosine (métabolite inactif) et en monoacrylate quaternaire. La distribution de la laudanosine dans les tissus biologiques après injection intraveineuse massive d’Atracurium®est peu documentée. Quelques auteurs, ont rapporté des cas de suicide avec des concentrations en laudanosine dans le sang cardiaque comprises entre 280 et 917 ng/mL. Dans cette série de cas, et à notre connaissance, seuls P. Kintz et al.[1]ont pu également déterminer la concentration en laudanosine dans le sang périphérique (390 ng/mL) ainsi que le rapport sang périphérique/humeur vitrée (21,6). Dans le cas présent, ce rapport est de 13,1. Les concentrations observées dans les différents milieux biologiques semblent être les plus élevées jamais décrites. Cela s’expliquerait principalement par le fait qu’il s’agissait d’une injection intraveineuse de la totalité d’une ampoule de 5 mL contenant 50 mg d’atracurium. Il est à noter que la concentration en laudanosine dans le sang périphérique est une concentration considérée comme usuelle en pratique anesthésique, mais chez des patients bénéficiant d’une assistance respiratoire.

Des descripteurs MeSH seront prochainement assignés à cet article.

 Source : Elsevier-Masson
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Mura P, Houpert T, Brunet B, Eibel A, Lelong J, Sauvageon Y, Kintz P. Décès par injection accidentelle d’atracurium : résultats des investigations toxicologiques. Toxicologie Analytique et Clinique. 2017 Mai;29(2):S46-S46.
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Dernière date de mise à jour : 30/04/2017.


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