ObjectifLes intoxications aiguës par le baclofène sont rares et peu de données sont disponibles dans la littérature concernant les concentrationspost-mortem. L’objectif de ce travail est de décrire un cas de décès pour lequel les concentrations de baclofène dans différents milieux biologiques sont disponibles et de les comparer à celles décrites dans la littérature ainsi qu’à celles fournies par les laboratoires des CHU de Lille et de Garches.DescriptionMonsieur X., présentant une addiction à la cocaïne et à l’éthanol pour laquelle il est traité par baclofène (posologie inconnue), est vu par un témoin vers 05 h 00 absorbant 40 comprimés de baclofène (400 mg), des boissons alcoolisées et de la cocaïne. Il est retrouvé inconscient sur la voie publique vers 08 heures. Transporté en réanimation, il décèdera environ 33 heures après l’ingestion.MéthodesLe baclofène a été recherché dans le sang et les autres matrices par LC-MS/MS (Quattro Premier XE, Waters). Le dosage des alcools a été réalisé par HS-GC/FID et celui des cocaïniques par GC/MS. Les investigations toxicologiques ont été complétées par un screening sanguin par LC-MS/MS. Les résultats ont été comparés aux données publiées dans la littérature après recherche sur PUBMED, Google Scholar, lesAnnales de Toxicologie AnalytiqueetToxicologie Analytique et Clinique, ainsi qu’avec les cas fournis par les laboratoires des CHU de Lille et de Garches.RésultatsLes concentrations de baclofène sont présentées dans le Tableau 1 : Les analyses mettent également en évidence dans le sang périphérique de l’éthanol (0,10 g/L), de la benzoylecgonine (420 ng/mL), de l’ecgonineméthylester (39 ng/mL), de l’oxazépam à 1,7 mg/L et de la carbamazépine à 4,3 mg/L. L’enquête a conclu à un surdosage en baclofène chez un patient alcoolo-dépendant. Les concentrations sanguinespost-mortempubliées dans la littérature vont de 4149 ng/mL à 106 000 ng/mL[1,2]. Les concentrations sanguinespost-mortemdans 14 cas pour lesquels un surdosage de baclofène a été suspecté dans les laboratoires des CHU de Lille et de Garches étaient comprises entre 1299 et 44 000 ng/mL. Dans la majorité des cas, d’autres molécules étaient associées. Dans les deux cas pour lesquels sont connues les concentrations dans le sang cardiaque et le sang périphérique (i.e. cas présent et référence[1]), le ratio [sang cardiaque]/[sang périphérique] est respectivement de 0,95 et 1,43.ConclusionLes concentrations mesurées dans ces cas sont superposables avec celles décrites dans la littérature. Dans les deux cas pour lesquels les concentrations dans le sang cardiaque et dans le sang périphérique sont connues, un phénomène de redistributionpost-mortemsemble pouvoir être écarté. En 2017, il paraît nécessaire de rechercher et de doser le baclofène de manière systématique dans le cadre de la réalisation d’une expertise toxicologique de référence.