Se connecter
Rechercher

Syndrome de Münchhausen par procuration : à propos d’un cas d’intoxication par la lamotrigine documenté par l’analyse des cheveux

Auteurs : Hoizey G1, Valet D2, Chèze M1, Muckensturm A1, Quinton M-C3, Lemaire-Hurtel A-S3, Pépin G1, Deveaux M1
Affiliations : 1Laboratoire Toxlab, Paris, France2Unité médico-judiciaire, centre hospitalier, Beauvais, France3Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, CHU, Amiens, France
Date 2017 Mai, Vol 29, Num 2, Supplement, pp S15-S15Revue : Toxicologie Analytique et CliniqueDOI : 10.1016/j.toxac.2017.03.007
O4
Résumé

ObjectifDécrire un cas de syndrome de Münchhausen par procuration, forme particulière de maltraitance infantile souvent difficile à diagnostiquer, chez un enfant de 16 mois, documenté par des analyses toxicologiques, notamment capillaires.Description du casIl s’agit d’un enfant de 16 mois pour lequel il sera répertorié depuis sa naissance 32 passages aux urgences pédiatriques, dont 13 ont été suivis d’une hospitalisation de plusieurs jours dans différentes structures de soins. Outre des troubles digestifs et ORL, les motifs d’hospitalisation sont essentiellement des signes neurologiques à type de tremblements ou de mouvements anormaux, toujours allégués par la mère. Aucune des explorations menées (notamment neurophysiologiques) n’a permis de trouver une explication univoque aux symptômes neurologiques de l’enfant rapportés par sa mère. Durant les périodes d’hospitalisation, aucun épisode de malaise n’a été constaté. Quatre mois environ avant que le diagnostic ne soit posé, il est retenu, au décours d’une énième admission à l’hôpital et suivant à nouveau les indications de la mère, l’existence d’un syndrome épileptique débutant, justifiant la mise place d’un traitement antiépileptique notamment par lévétiracétam. De nouveaux épisodes de crises convulsives tonico-cloniques, sous traitement bien mené, ont été constatés cette fois-ci par des personnels soignants ; ces crises sont apparues suffisamment suspectes pour que finalement, 2 mois plus tard, l’hypothèse d’un syndrome de Münchhausen par procuration soit évoquée. Les premières analyses toxicologiques montreront la présence de lamotrigine à concentration toxique (74 mg/L) dans le sang de l’enfant[1], pouvant expliquer les symptômes observés plusieurs mois auparavant. L’analyse des cheveux est requise pour confirmer l’exposition de l’enfant depuis sa naissance à la lamotrigine, traitement antiépileptique de sa mère.MéthodesUne mèche de 18 cm a été coupée en 4 segments afin de couvrir la période d’intérêt de 15 mois. Après décontamination, coupage fin aux ciseaux et extraction liquide–liquide, les analyses ont été réalisées par GC-MS et LC-MS/MS.RésultatsLes analyses ont mis en évidence la lamotrigine dans les 4 segments de cheveux (racine : 45 ng/mg, segment 2 : 63 ng/mg, segment 3 : 96 ng/mg, pointe : 102 ng/mg). Le lévétiracétam et le 7-aminoclonazépam ont été identifiés dans les segments 1 (racine) et 2, correspondant aux périodes de traitements.ConclusionsSans exclure la contribution probable d’une expositionin uteroaux résultats obtenus (l’enfant n’a pas été allaité), l’analyse des cheveux a permis de confirmer l’exposition de l’enfant à la lamotrigine depuis sa naissance. À l’évidence, les surdosages répétés par cette molécule auront été la cause du déclenchement des signes cliniques neurologiques constatés (effet paradoxal des médicaments antiépileptiques) ayant conduit au diagnostic d’épilepsie vraie et la mise en place d’un traitement antiépileptique. Un syndrome de Münchhausen par procuration a été retenu pour la mère, et l’enfant placé. Aucune récidive de malaise ou de convulsion n’a été constatée depuis que le traitement antiépileptique a été arrêté. Ce cas illustre toute la difficulté de diagnostic de cette maladie psychologique grave, potentiellement très dangereuse, dont l’objectif est toujours celui d’attirer l’attention sur l’auteur par l’intermédiaire de la victime.

Des descripteurs MeSH seront prochainement assignés à cet article.

 Source : Elsevier-Masson
Accès à l'article
 Accès à distance aux ressources électroniques :
Exporter
Citer cet article
Hoizey G, Valet D, Chèze M, Muckensturm A, Quinton M-C, Lemaire-Hurtel A-S, Pépin G, Deveaux M. Syndrome de Münchhausen par procuration : à propos d’un cas d’intoxication par la lamotrigine documenté par l’analyse des cheveux. Toxicologie Analytique et Clinique. 2017 Mai;29(2):S15-S15.
Courriel(Nous ne répondons pas aux questions de santé personnelles).
Dernière date de mise à jour : 30/04/2017.


[Haut de page]

© CHU de Rouen. Toute utilisation partielle ou totale de ce document doit mentionner la source.