ObjectifL’identification des nouveaux produits de synthèse (NPS), phénomène qui a émergé au cours des années 2000, semble en progression en Europe depuis plusieurs années. Ces produits sont de nature très variable, disponibles à la vente sur Internet, et leur distribution bénéficie largement des brèches juridiques des pays vers lesquels ils sont vendus aux consommateurs. Afin d’avoir une idée plus précise de la fréquence d’identification de ces substances dans les saisies de produits qui nous sont confiées pour analyse, nous avons, de manière rétrospective, repris l’ensemble des données collectées sur 3 années pour y rechercher les cas relatifs à ces nouvelles drogues.MéthodesNous avons réalisé une étude rétrospective sur la période 2012 à 2014 des analyses réalisées à la demande des autorités judiciaires de produits saisis (principalement en Île-de-France) aux fins de déterminer la nature des substances et de statuer sur leur classement légal. Les paramètres étudiés étaient : aspect général et couleur, solubilité dans l’eau et l’éthanol, teneur en sucres, composition centésimale, impuretés de fabrication et produits de coupage (UPLC-DAD, GC-MS, HPLC-réfractométrie). Pour cette étude, nous nous sommes spécifiquement intéressés aux NPS : notamment : cathinones, phénéthylamines, pipérazines et cannabinoïdes de synthèse. L’identification est faite pour l’essentiel au moyen des substances de référence ad-hoc et, à défaut (notamment pour certains cannabinoïdes de synthèse), par l’emploi de la bibliothèque de spectres mise à disposition par le « Scientific Working group Drug » de la DEA.RésultatsLe Tableau 1 résume le nombre de substances identifiées par famille chimique sur la période 2012–2014.ConclusionSur l’ensemble des produits de saisie qui nous ont été confiés pour analyse sur la période étudiée, le nombre total de NPS identifiés est très faible (< 2 %). La famille chimique des cathinones est la plus représentée avec celle des cannabinoïdes de synthèse (principalement des mélanges provenant de saisies faites hors métropole). Aucun produit de coupage n’a été détecté. Plusieurs substances ne font l’objet à ce jour d’aucune réglementation, tel le 2C-C-NBOMe, substance hallucinogène, conditionnée sous forme de buvard et signalée récemment (2013) sur le marché français. Face à ce phénomène des NPS, qui constituent un groupe très hétérogène de substances chimiques, les laboratoires d’expertises toxicologiques judiciaires doivent constamment adapter leur niveau technique pour permettre l’identification de ces molécules souvent originales.