ObjectifAu cours d’une expertise toxicologique concernant un homme de 23 ans ayant survécu à une blessure abdominale par arme blanche suite à une rixe, il a été détecté dans le sang du midazolam (170 μg/L) accompagné de N-désalkylflurazepam (2,5 μg/L). Le N-désalkylflurazepam est un métabolite actif du flurazepam, médicament hypnotique non commercialisé en France. Sa demi-vie longue (74 h) peut expliquer une détection isolée suite à une prise ancienne de flurazepam (dont la demi-vie est de 2 h)[1]. Mais c’est également un produit de photodégradation et un intermédiaire de synthèse du midazolam[2](Figure 1).L’objet de cette présentation est d’apporter des éléments de réponse à la question : la présence de N-désalkylflurazepam est-elle la conséquence de l’injection de midazolam, ou bien sa présence dans le sang résulte-elle d’un mésusage du flurazepam ?MéthodesNous avons pu disposer de 2 ampoules de midazolam à 5 mg/mL (Mylan et Panpharma) provenant des pharmacies à usage intérieur (PUI) des deux centres hospitaliers où la victime a été prise en charge (1 seul lot testé/fabriquent). Les ampoules ont été analysées par simple infusion dans un système CL-SM/SM (QTRAP 3200, SCIEX) afin de détecter et doser les différentes benzodiazépines et dérivés après exposition à un rayonnement UV (λ = 315 nm). Différents temps d’exposition ont été testés : 30 minutes et 2 heures. Par ailleurs, une analyse rétrospective de la base de données médicolégale du service a été menée pour identifier le nombre d’affaires dans lesquelles du N-désalkylflurazepam a été précédemment décelé.RésultatsL’analyse des ampoules a révélé la présence de N-désalkylflurazepam, mais uniquement après passage sous lampe à UV à 315 nm pendant deux heures. De plus, entre 2009 et 2014, le N-désalkylflurazepam a été détecté dans 3 dossiers d’expertise à des concentrations sanguines inférieures à 2 μg/L, et systématiquement associé à du midazolam à forte concentration (plus de 100 μg/L). Les concentrations de midazolam nécessaires pour maintenir une sédation en postopératoire sont de l’ordre de 100 μg/L.ConclusionIl est probable que la présence de N-désalkylflurazepam provienne d’une photodégradation du midazolam contenu dans les ampoules. L’interprétation biologique des concentrations de midazolam et/ou N-désalkylflurazepam dans un contexte médicolégal est donc à effectuer avec précaution, en fonction du contexte et en considérant un éventuel mésusage de flurazépam qui est, toutefois, toujours possible.