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Hallucinations sous Datura : le piège atropinique

Auteurs : Bodeau S, Bennis Y1, Knapp A2, Mayer C2, Alvarez J-C2, Lemaire-Hurtel A-S1
Affiliations : 1Laboratoire de pharmacologie–toxicologie, CHU d’Amiens, Amiens, France2Laboratoire de toxicologie, CHU de Garches
Date 2015 Juin, Vol 27, Num 2, Supplement, pp S31-S31Revue : Toxicologie Analytique et CliniqueDOI : 10.1016/j.toxac.2015.03.038
O33
Résumé

ObjectifsLe Datura est une plante de la famille des solanacées connue de longue date pour ses propriétés hallucinogènes. Toutes les parties de la plante renferment des alcaloïdes, notamment l’hyoscyamine, l’atropine et la scopolamine, à l’origine d’un syndrome parasympatholytique lié à un antagonisme des récepteurs muscariniques centraux et périphériques. Nous rapportons ici le cas d’un homme pris en charge en réanimation médicale pour un coma sur intoxication volontaire au Datura. Mr. B, 27 ans, inconscient, est adressé par le Samu aux urgences du CHU d’Amiens. L’examen clinique retrouve une mydriase bilatérale et réactive. Il est globalement hypotonique. Sur le plan respiratoire, il est hypoxémique en air ambiant. Il alterne des phases d’inconscience et de réveil où il est incohérent, agressif et présente des hallucinations. Le patient ne présente pas de tachycardie ni d’hyperthermie. Il n’existe pas de globe urinaire clinique, mais le sondage vésical ramène 600 mL d’urines d’emblée. L’interrogatoire de sa compagne, à qui il a affirmé avoir mastiqué des feuilles de datura, oriente vers une intoxication volontaire au datura à but festif.MéthodesLa recherche et la quantification des alcaloïdes ont été réalisées selon une méthode validée utilisant la LC-MS/MS[1]sur des échantillons de plasma et d’urine prélevés respectivement 9 et 18 h après la prise. Les échantillons ont été extraits en phase liquide par un mélange hexane/acétate d’éthyle (1/1, v/v). Après évaporation de la phase organique, le résidu est repris par 80 μL de phase mobile. Dix microlitres sont injectés dans le système chromatographique. Les analytes sont séparés sur une colonne Hypersil GOLD PFP avec un gradient de phase mobile composée d’un mélange d’acétonitrile et de tampon formiate à 0,1 %. La détection est effectuée en mode MRM sur un spectromètre de masse LCQ TSQ Vantage XP (Thermofisher) après une ionisation en mode ESI positif. Deux transitions ont été sélectionnées pour l’identification et la quantification de l’atropine, de la scopolamine et de la kétamine-d4, l’étalon interne retenu pour l’analyse.RésultatsL’analyse des prélèvements sanguins effectués 8 et 18 h après la prise de datura a permis de mettre en évidence de la scopolamine aux concentrations de 1,2 ng/mL et 0,6 ng/mL, respectivement, et confirme l’intoxication aiguë au datura. Aux mêmes temps, les concentrations urinaires de scopolamine étaient de 132 ng/mL et 71 ng/mL. L’atropine n’a été retrouvée dans aucun prélèvement. La scopolamine est responsable des manifestations anticholinergiques périphériques et centrales du patient. L’absence d’atropine dans les prélèvements pourrait être liée à la consommation d’une espèce de datura pauvre en atropine :Datura inoxia[2].ConclusionLa consommation de Datura à des fins récréatives n’est pas rare. La recherche des effets hallucinogènes conduit souvent à une intoxication aiguë d’évolution favorable. Les concentrations plasmatiques faibles et la demi-vie d’élimination courte des alcaloïdes peuvent conduire à un retard de diagnostic si leur recherche et leur quantification par une méthode spécifique n’ont pas été prescrites. Dans ce cas, seule l’analyse des cheveux permettra d’effectuer un diagnostic a posteriori.

 Source : Elsevier-Masson
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Bodeau S, Bennis Y, Knapp A, Mayer C, Alvarez J-C, Lemaire-Hurtel A-S. Hallucinations sous Datura : le piège atropinique. Toxicologie Analytique et Clinique. 2015 Juin;27(2):S31-S31.
Courriel(Nous ne répondons pas aux questions de santé personnelles).
Dernière date de mise à jour : 25/03/2017.


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