IntroductionLe valproate et ses dérivés sont utilisés dans le traitement des épisodes maniaques du trouble bipolaire. Depuis plusieurs décennies, ces médicaments ont plusieurs fois été mis en cause pour leurs effets tératogènes. À partir de janvier 2015, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a mis en place des mesures afin de maîtriser les risques liés à ces médicaments. Dans ce contexte, nous avons évalué le suivi des mesures de réduction du risque prises par l’ANSM sur les prescriptions de valproate et dérivés réalisées dans le cadre de troubles bipolaires dans un établissement spécialisé en santé mentale et comparer ces résultats à ceux obtenus en pharmacie d’officine.Matériel et méthodeÉtude rétrospective de l’ensemble des prescriptions de valproate et dérivés réalisées dans notre établissement en janvier 2015 comparées à celles effectuées en janvier 2018, soit respectivement avant et après la mise en place des mesures de renforcement des conditions de prescription et de délivrance (CPD). Pour déterminer si les prescriptions de janvier 2018 répondent aux CPD définies par l’ANSM, nous avons relevé la présence de l’accord de soin (AS) et d’un moyen de contraception.RésultatsEn janvier 2015 et 2018, respectivement 61,8 % et 57,6 % des femmes traitées par valproate pour des troubles bipolaires sont en âge de procréer. Ces proportions ne sont pas significativement différentes (p = 0,051). 57,9 % des femmes en âge de procréer (FAP) traitées en 2018 ont signé l’AS. Elles sont également 57,9 % à avoir un moyen de contraception. Un total de 36,8 % des FAP ont à la fois signé l’AS et disposé d’une méthode contraceptive. En ville, les CPD sont respectées dans 42 % des cas lorsque le prescripteur est un psychiatre alors que ce taux atteint 57,9 % dans notre établissement (p > 0,05). L’ordonnance d’un spécialiste est présentée dans 81 % des cas en officine. En cas de non-respect des CPD, les pharmaciens procèdent à la dispensation du traitement et le médecin prescripteur est contacté respectivement dans 25 % et 100 % des cas en ville et à l’hôpital.ConclusionLe taux de respect des CPD reste insuffisant. En juin 2018, l’ANSM publie les résultats d’une étude portant sur l’efficacité des mesures engagées en France depuis 2014. Elle montre que, malgré un faible taux de respect des CPD, il existe une diminution globale de 45 % des FAP exposées au valproate et dérivés entre 2013 et 2017. Devant le faible taux de présentation de l’AS, il paraît légitime de s’interroger sur la pertinence de cet outil, notamment dans la population psychiatrique.