Le diabète de type 2 reste un facteur de risque majeur de pathologies cardiovasculaires. En particulier, les données observationnelles ont montré une association entre le niveau de contrôle glycémique et les risques d’événements cardiovasculaires. Cependant, ces observations n’ont pas été confirmées dans les essais randomisés de contrôle intensif de la glycémie. Nous proposons ici d’appliquer le concept d’exposition cumulée à l’hyperglycémie (les « paquets années » de la glycémie) aux complications cardiovasculaires du diabète. Ainsi, nous analysons le contrôle glycémique au-delà d’une simple approche binaire comme une variable quantitative basée sur la différence d’exposition cumulée à l’hyperglycémie (différence d’HbA1cx années de suivi). Pour cela, nous avons étudié l’association entre la différence d’exposition cumulée entre les groupes de randomisation et le risque d’événements cardiovasculaires dans les essais de contrôle intensifversusconventionnel de la glycémie. Nous trouvons ainsi une très bonne corrélation entre ces deux variables. Des résultats similaires sont obtenus en analysant de la même façon les études de sécurité cardiovasculaire des antidiabétiques. Ces résultats suggèrent qu’un effet cardioprotecteur nécessite une durée de suivi et une différence d’HbA1cminimale. Avec cette approche, nous observons également que l’effet cardioprotecteur de l’empagliflozine, du liraglutide, et du semaglutide, démontré récemment, n’excède pas significativement ce qui pourrait être attendu de la réduction de l’exposition cumulée à l’hyperglycémie. Ces données mettent en évidence que la durée de l’intensification et l’amplitude du contrôle glycémique sont des paramètres essentiels à prendre en compte simultanément dans la prise en charge des patients diabétiques.