L’histoire des premières transplantations est un modèle idéal pour analyser les différentes étapes de l’innovation de rupture en chirurgie. Les pionniers empruntent souvent des chemins semés d’embûches, d’erreurs ou d’échecs. Parfois, la victoire est là, brillante ou plus modeste. Nous proposons de réexplorer ces voies extraordinaires qui ont conduit aux premières transplantations du rein, du foie, du poumon et du cœur. La première transplantation devient un jour possible pour plusieurs raisons : des travaux ont été réalisés au laboratoire, permettant à la technique chirurgicale d’être au point ; le contexte législatif et sociétal est favorable et surtout des pionniers vont oser l’application humaine. L’échec initial ne sera pas technique mais immunologique. Tout ne sera pas parfait, en particulier au niveau éthique dans certains cas. Par ailleurs, les évènements inciteront souvent à une grande humilité. Même si les contextes historiques et législatifs ont considérablement changé de même que la science, la société et l’organisation du système de santé, cette analyse est riche d’enseignements pour le chirurgien qui souhaite, aujourd’hui, s’engager dans la voie de l’innovation face à un problème encore non résolu. Car rien n’est jamais écrit en ce domaine.