Le « visage » et l’« identité » représentent des thématiques de réflexions essentielles en anthropologie socioculturelle. En médecine, la nécessité de compréhension de ces notions par les soignants devient primordiale en cas de perte de l’une et de l’autre. En réhabilitation maxillofaciale, les patients atteints d’un cancer de la sphère orofaciale bénéficient d’une exérèse carcinologique dont le but est avant tout de « préserver la vie » (au sens biologique), mais le geste chirurgical est souvent ressenti comme une mutilation, véritable stigmate ou handicap d’apparence. Les représentations et les valeurs acquises par chacun dans notre société sont alors bouleversées, entraînant une rupture bibliographique et une perturbation identitaire profonde. Les soins oncologiques de support permettent alors d’accompagner le patient de l’annonce de la maladie à la phase d’après-cancer avec un dessein de « reconstruction de soi », grâce notamment à une continuité thérapeutique, une coordination pluridisciplinaire au sein d’une médecine qui se veut de plus en plus intégrative. La reconstruction chirurgicale, lorsque celle-ci est possible, et la prothèse maxillofaciale concourent, à la suite d’un long parcours médicochirurgical, à la « restauration de l’image du visage » et à la « préservation de la vie sociale ».