Introduction: Depuis les dernières décennies, de nombreux changement structuraux des implants, des traitements médicaux et des techniques chirurgicales ont été apportés pour la prise en charge des tumeurs malignes primitives osseuses (TMPO) autour du genou. Cependant, l’amélioration globale des soins reste un paramètre incertain. Les méthodes sont cruciales pour l’analyse des résultats dans les séries impliquant les tumeurs, et un recensement complet des décès est obligatoire car le décès agit comme un facteur compétitif. Les buts de cette étude étaient 1) une évaluation en profondeur des révisions chirurgicales, avec une longue période de suivi et une méthode adéquate ; 2) une évaluation complète de la mortalité pour prendre en compte ce risque compétitif.Hypothèse: L’hypothèse était que les améliorations structurales apportées aux implants sont associées avec une amélioration de la survie, au prix d’une agressivité chirurgicale plus importante.Matériel et méthodes: Les analyses ont été réalisées sur 248 patients atteints de TMPO (suivi moyen de 8,7 ans, interventions chirurgicales entre 1972 et 2017). Trois modèles de prothèses ont été successivement utilisés au fil du temps : 120 Guépar (modèle le plus ancien), 42 Tornier et 86 Stanmore (modèle le plus récent). Le critère de jugement principal était l’évaluation des révisions classées selon Henderson : échecs ou instabilités des tissus mous (type 1), descellement aseptique (type 2), échecs structurels (type 3), infections périprothétiques (type 4), progression tumorale (type 5). La mort et les amputations étaient considérées comme des événements compétitifs. Une évaluation approfondie de la mortalité a été réalisée en fusionnant les données cliniques avec le registre des décès en France (INSEE). Les risques cumulés ont été calculés à 2, 5, 10 et 15 ans et comparés avec des tests de Gray.Résultats: La survie globale à 5 ans était de 80 % (IC 95 % : 73-87) pour Guépar, de 69 % (IC 95 % : 56-84) pour Tornier et de 71 % (IC 95 % : 62-82) pour Stanmore (p = 0,4). Les risques cumulés sur 5 ans pour le type 1 étaient de 5 % (IC 95 % : 1-9), 9 % (IC à 95 % : 0-18) et 17 % (IC à 95 % : 9-25) respectivement pour Guépar, Tornier et Stanmore (p =0,01). Les risques cumulés sur 15 ans pour le type 2 étaient de 22 % (IC 95 % : 15-39), 8 % (IC 95 % : 0-17) et 8 % (IC 95 % : 2-14) respectivement pour Guépar, Tornier et Stanmore (p = 0,10). Dix patients ont présenté un échec implantaire, neuf pour Guépar et un pour Tornier. Les risques cumulés sur 5 ans pour le type 4 étaient de 7 % (IC à 95 % : 2-12), 19 % (IC à 95 % : 7-31) et 12 % (IC à 95 % : 5-18) respectivement pour Guépar, Tornier et Stanmore (p = 0,08). Il y avait 29 progressions tumorales ; les risques à 15 ans étaient de 16 % (IC 95 % : 2-22), 2 % (IC 95 % : 0-7 %) et 12 % (IC 95 % : 4-19 %) respectivement pour Guépar, Tornier et Stanmore (p = 0,08). Aucune différence n'a été trouvée entre le tibia proximal et le fémur distal.Conclusion: Il y a eu quelques améliorations dans la conception des prothèses (acier forgé au lieu d'acier coulé) et probablement aussi dans la fixation cimentée des tiges, mais cela n’a pas impacté les taux d’infection prothétique et de récidive locale. La mortalité globale n’a pas changé de manière significative au cours des 40 dernières années dans cette cohorte spécifique de patients ayant bénéficié d’une prothèse de reconstruction à charnière.Niveau de preuve: III; série de cas comparatifs avec analyse de la sensibilité.