IntroductionIl existe un enthousiasme récent de la butée de Latarjet sous arthroscopie. Cependant, la technique reste difficile, avec une longue courbe d’apprentissage et un taux élevé de complications (jusqu’à 30 %, à 3 mois de recul). De plus, le transfert de la coracoïde, la gestion du complexe capsulo-labral et du sous-sapulaire, ainsi que le type de fixation n’ont pas encore été standardisés.ObjectifÉvaluer, sur une large série de patients, les complications, le positionnement/consolidation de la butée et les résultats cliniques en utilisant une technique arthroscopique standardisée et un mode de fixation de la butée par boutons corticaux.MéthodesÉtude prospective continue entre 2012 et 2015, de 162 patients (130 hommes, âge moyen 27 ans) présentant une instabilité antérieure récidivante de l’épaule, traités par butée de Latarjet sous arthroscopie. La technique chirurgicale était standardisée avec 2 guides directeurs pour faire correspondre le forage du col de la scapula et de la coracoïde. Deux écarteurs spécifiques pour disciser le muscle sous-scapulaire et protéger le plexus brachial. Deux boutons corticaux reliés par fils de suture pour fixer la butée et une réparation capsulo-labrale antérieure était systématiquement effectuée en fin d’intervention. Les complications immédiates et précoces ont été colligées. Un scanner postopératoire était réalisé à 2 semaines et à 6 mois pour évaluer le positionnement et la consolidation osseuse de la butée.RésultatsLa butée était affleurante à la glène dans 95 % (154/162) et sous équatoriale dans 93 % des cas (151/162). L’absence de consolidation osseuse de la butée était de 11 % (18/162) : 14 pseudarthroses, une fracture, une migration et 2 ostéolyses. La consommation tabagique était un facteur de risque de non-consolidation osseuse (p > 0,001). Au recul moyen de 26 mois (12–38), cinq hématomes postopératoires résolutifs ont été observés, mais aucune complication neurologique, infectieuse et défaillance du matériel n’a été observée. Cinq patients (3 %) ont présenté une récidive post-traumatique d’instabilité antérieure (1 luxation et 4 subluxations) et 3 ont été réopérés par remplissage d’une lésion engageante de Hill–Sachs avec nouvelle réparation capsulo-labrale. Le retour au sport au même niveau pré-traumatique était possible chez 93 % des patients.ConclusionLa standardisation de la technique de la butée de Latarjet sous arthroscopie avec un mode de fixation par boutons corticaux, permet d’optimiser le positionnement et de diminuer les complications classiquement rapportées avec les vis.