IntroductionL’autorisation de reprise sportive après une reconstruction du ligament croisé antérieur (LCA) ne peut se baser sur le seul délai postopératoire. L’aptitude physique et psychologique du patient à reprendre le sport est cruciale, un retour prématuré constituant un facteur de risque de re-rupture. Le questionnaire ACL-Return-to-Sport-after-Injury (ACL-RSI) quantifie l’impact des facteurs psychologiques sur la capacité des patients à reprendre le sport. L’objectif principal était de rechercher un lien entre le score ACL-RSI et les tests fonctionnels postopératoires.Matériel et méthodesUne étude de cohorte prospective monocentrique a débuté en 2012 incluant l’ensemble des patients de quatre chirurgiens seniors, opérés pour une rupture des ligaments croisés du genou. Une analyse rétrospective des données collectées prospectivement a inclus une série de sportifs opérés en 2013–2016 pour une rupture primaire totale isolée du LCA, un genou controlatéral sain et ayant une évaluation postopératoire, fonctionnelle et clinique, complète. Les tests isocinétiques réalisés sur un ergomètre Biodex®ont mesuré les couples de force des fléchisseurs et des extenseurs du genou selon 2 vitesses angulaires : quadriceps 60° (Q60°) et 240° (Q240°) en concentrique, ischiojambiers 30° (IJ30°) en excentrique. Les tests proprioceptifs étaient basés sur les sauts monopodaux. Le critère principal de jugement était la corrélation entre le score ACL-RSI et le différentiel entre les 2 genoux au Q60° à 6 mois de recul. Les critères secondaires de jugement étaient la corrélation entre l’ACL-RSI et les autres tests fonctionnels à 6 mois de recul et le retour au sport. Les corrélations ont été recherchées par le coefficient de Pearson (r). Le nombre de patients nécessaires était de 100.RésultatsAu total, 182 patients répondaient aux critères d’inclusion, 132 hommes et 50 femmes âgés en moyenne de 28,7 ± 8,6 ans, sportifs dont 4 (2,2 %) professionnels et 89 (48,9 %) compétiteurs. Au recul moyen de 6,5 ± 1,7 (4–12) mois, le score ACL-RSI était positivement et significativement corrélé à l’ensemble des tests mais faiblement (r = 0,15 à 0,18,p = 0,01 à 0,03). Aucune différence significative n’a été retrouvée sur le score ACL-RSI selon le niveau de récupération fonctionnelle (p = 0,37) mais elle était fortement significative selon que les patients aient repris le sport ou pas (p = 0,0001).DiscussionLe score ACL-RSI n’est lié que faiblement au niveau de récupération fonctionnelle. Cet outil évalue bien les facteurs psychologiques impliqués dans le retour au sport.ConclusionL’ACL-RSI est corrélé significativement et positivement avec les tests fonctionnels mais faiblement. Les patients reprenant le sport avaient un score ACL-RSI significativement supérieur.