IntroductionLes électrodes bipolaires utilisées en arthroscopie exposent à un risque théoriqueex vivode lésions thermiques. Cependant, les études évaluant les températures in vivo lors de l’utilisation de ces électrodes en arthroscopie sont peu nombreuses et leurs résultats discordants. Le but de notre étude était d’évaluer l’évolution de la température dans l’espace sous-acromial lors d’une arthroscopie de l’épaule en utilisant deux électrodes différentes. Notre hypothèse principale était l’absence de supériorité d’une électrode sur l’autre en termes de variation et de température maximale atteinte. Notre hypothèse secondaire était l’absence d’atteinte d’un seuil de température délétère pour les tissus par la chaleur produite au sein du liquide d’irrigation.Matériel et méthodesUne étude comparative prospective monocentrique, mono-opérateur, en simple insu a été réalisée. Les systèmes comparés étaient la Coblation^®(Smith-Nephew Inc., Andover, MA, États-Unis) et le système VAPR^®(DePuySynthesMitek Sport Medecine, Raynham, MA, États-Unis). Treize patients opérés d’une arthroscopie d’épaule ont été inclus. Les mesures de température étaient réalisées avec une sonde thermique placée dans l’espace sous-acromial et relevées toutes les 10 secondes pendant 60 secondes avec une utilisation continue du système d’électrocoagulation.RésultatsLa température de base était en moyenne de 21,4 °C (écart-type : ET = 0,7 °C) dans le groupe VAPR^®et 23,0 °C (ET = 2,2 °C) dans le groupe Coblation^®. Aucune différence significative entre les deux groupes n’était retrouvée durant les 40 premières secondes. Au pic de température à 60 secondes, la température était en moyenne de 25,0 °C (ET = 1,9 °C) pour les patients opérés par VAPR^®et 27,9 °C (ET = 2,8 °C) pour ceux opérés par Coblation^®(p < 0,05).DiscussionPeu d’études ont comparé in vivo la température engendrée entre les différentes électrodes en arthroscopie. Des études ex vivo ont montré l’effet délétère de la température au niveau tissulaire, notamment sur les chondrocytes, et insistent sur le rôle capital du flux de l’irrigation sur la diminution de la température. Notre étude montre une différence significative entre les deux électrodes après 50 secondes d’utilisation continue, en faveur du système VAPR^®. Toutefois, les deux électrodes n’augmentent pas la température du liquide d’irrigation au-delà de la limite délétère pour les tissus. Ces systèmes sont sécurisés dans leur utilisation en respectant les données des industriels et en assurant une bonne irrigation.Niveau de preuveII (étude prospective comparative randomisée).