IntroductionLe vieillissement de la population française s’accompagne d’une augmentation du nombre de fractures de l’extrémité proximale du fémur avec de plus en plus de centenaires dont le devenir après ce type de traumatisme n’est pas connu en France. Aussi, nous avons mené une étude rétrospective afin de : 1) d’évaluer le résultat clinique selon des scores de géronto-traumatologie ; 2) de valider l’attitude résolument opératoire.HypothèseLa morbi-mortalité constatée dans un collectif monocentrique de centenaires opérés était comparable à celles des séries de centenaires rapportés dans la littérature.Matériel et méthodeEntre 2008 et 2014, 33 femmes et 6 hommes patients âgés de 100 ans et plus présentant une fracture de l’extrémité proximale du fémur traitée chirurgicalement ont été évalués rétrospectivement. Quinze patients vivaient à domicile, et 24 dans un établissement spécialisé. La moyenne des scores Parker, Katz etmini-nutritional assessment(MNA) était respectivement de 3,30 (0–7), 5,84 (0–12) et 7,46 (2–12). Le délai moyen opératoire était de 1,7 jours (0–12). Les 26 fractures extra-capsulaires ont été traitées par ostéosynthèse et les 13 intra-capsulaires par 12 arthroplasties et 1 vissage.RésultatsAu recul moyen de 23 ± 14 mois (6–60 mois), 29 patients étaient décédés. Trois patientes sont décédées avant la 48eheure, 10 patients avant la fin du troisième mois et 15 avant la fin de la première année. Les taux séquentiels de mortalité étaient de 33,3 % dans le premier trimestre, 26,9 % lors des deux trimestres suivants et 42,2 % après la première année. Trois patientes ont présenté une luxation précoce et deux une infection du site opératoire. Une défaillance cardiaque, deux syndromes confusionnels, deux pneumopathies et deux pyélonéphrites ont été constatées.DiscussionLe moteur de recherche PubMed à partir des mots clés a permis de sélectionner cinq articles colligeant des séries de plus de 10 centenaires : la morbidité postopératoire générale ou locale liée au geste n’est clairement décrite que dans deux. Notre hypothèse est confirmée quant à la mortalité à 3 et 12 mois, la mortalité périopératoire de cette série se situant dans la tranche la plus basse. Le taux de complications locales directement liées au geste opératoire est nettement plus élevé dans cette série. Les fractures du fémur proximal chez le centenaire sont à haut risque de mortalité. Malgré l’absence de groupe contrôle, l’indication opératoire reste la meilleure option de prise en charge.Niveau de preuveIV. Étude rétrospective.