IntroductionLes complications liées à la révision d’un composant acétabulaire protrus dont le matériel a migré en position intra-pelvienne restent rares mais potentiellement graves. Il n’existe pas à l’heure actuelle de données épidémiologiques dans la littérature concernant la réalisation de la voie d’abord sous-péritonéale (VASP) dans le cadre de reprises de prothèses totales de hanche (RPTH) avec protrusion. Aussi, nous avons étudié : 1) quelle était la fréquence de cet abord dans cette population ? 2) Quels facteurs étaient liés à sa réalisation ? 3) La morbidité et mortalité de la VASP étaient-elles plus élevées que pour un abord conventionnel seul ?HypothèseLes protrusions majeures avec du matériel dans le quadrant supéro-médial (QSM) ont une plus forte probabilité d’être opéré d’une VASP.Matériel et méthodesNotre étude multicentrique rétrospective a inclus 260 cas de RPTH avec protrusion endo-pelvienne de matériel d’au moins 15 mm en dedans de la ligne ilio-ischiatique. Le degré de protrusion était évalué sur la radiographie de bassin de face avec la réalisation de la construction du QSM. Le motif de la VASP, la durée de la chirurgie et les examens réalisés en préopératoire étaient également colligés.RésultatsDix-neuf interventions sur les 260 RPTH incluses (7,8 %) ont eu une VASP en plus d’un abord pour la RPTH. La fréquence des VASP était variable d’un centre à un autre (1,7–50 %). Dans 4 cas, l’indication a été portée pour lever une complication vasculaire identifiée en préopératoire. Pour 1 patient, la VASP a été une indication de nécessité décidée en peropératoire. Les autres indications étaient posées soit pour extraire l’implant (n = 7), soit pour prévenir une difficulté potentielle peropératoire (n = 9). Les cas présentant une protrusion majeure sur la radiographie de face avec du matériel dans le QSM, ont d’avantage été opérés par VASP (12/19 [63,2 %]) que les cas sans atteinte du QSM (4/241 [1,6 %]) (p < 0,001). Une exploration vasculaire par imagerie a été pratiquée dans 15/19 (88,9 %) des VASP contre 26/177 (14,7 %) des reprises sans VASP (41 non renseignés dans groupe sans VASP) (p < 0,001). La mortalité précoce (avant 45 jours) des patients ayant eu une VASP (1/19 [5,3 %]) n’était pas significativement différente de celle des patients sans VASP (3/241 [1,2 %]) (p = 0,26). Si la durée opératoire était plus importante en cas de VASP (210 ± 88 [70–360]) contre 169 ± 52 (60–300) sans VASP (p = 0,04), les saignements n’étaient pas plus importants avec VASP (1488 ± 1770 [500–5000] que sans VASP (1343 ± 987 [75–3500]) (p > 0,05).DiscussionMalgré les limites liées au caractère rétrospectif et multicentrique de cette étude, elle est à notre connaissance la seule qui aborde les VASP réalisées dans le contexte d’une protrusion de matériel lors d’une RPTH. Sur la base de ce travail, il semblerait préférable d’envisager la VASP chaque fois qu’il y a une protrusion acétabulaire dans le QSM, après exploration par angio-TDM. La VASP ne donne pas lieu à une élévation de mortalité ou de morbidité.Niveau de preuveIV, étude rétrospective.