IntroductionCertaines lésions du ménisque interne peuvent passer inaperçues à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), et lors de l’arthroscopie. Notre hypothèse était qu’un œdème sous-chondral du bord supéro-interne du plateau tibial médial peut être un signe indirect d’une languette méniscale luxée sous le ligament collatéral médial.Matériel et méthodesCette étude prospective, monocentrique, portait sur les arthroscopies réalisées de janvier 2013 à avril 2014. Les critères d’inclusion étaient : une lésion isolée du ménisque interne nécessitant un traitement arthroscopique, associée à un œdème sous-chondral du bord supéro-interne du plateau tibial médial sur l’IRM préopératoire. Tous les patients présentant un œdème sous-chondral d’origine arthrosique ou traumatique étaient exclus. Les caractéristiques morphologiques des lésions méniscales, notamment des languettes luxées, et de l’œdème sous-chondral tibial étaient analysées sur l’IRM préopératoire. Ces données étaient ensuite corrélées aux résultats de l’arthroscopie. Les patients étaient examinés en préopératoire et à j45. Les complications étaient recherchées.RésultatsAu cours de cette période, 909 arthroscopies furent réalisées, dont 231 pour lésion isolée du ménisque interne. Parmi ces patients, 29 présentaient un œdème isolé de l’os sous-chondral du plateau tibial interne. L’âge moyen était de 49 ans (19–73), avec 83 % d’hommes. L’œdème sous-chondral, localisé dans l’angle supéro-interne du plateau tibial médial, mesurait en moyenne dans les plans crânio-caudial 10,5 mm (4,7–13,2) ; médio-latéral 8,2 mm (4–12) et antéro-postérieur 22,3 mm (15–34). Lors de l’arthroscopie, 16 de ces patients (55 %) présentaient une languette méniscale luxée sous le ligament collatéral médial. Cinq de ces languettes méniscales (31 %) n’avaient pas été pas identifiées à l’IRM. Ces patients présentaient une douleur de l’interligne fémoro-tibiale interne, associée à une hydarthrose pour 5 patients et à un flessum pour 3 patients. La méniscectomie était réalisée jusqu’au mur méniscal pour 81 % des patients (n = 13), dont 84 % au dépens du segment moyen et du segment postérieur (n = 11). Le recul moyen était de 70 jours, avec 88 % de patients asymptomatiques à j45. Un patient âgé de 63 ans a présenté une chondrolyse du condyle interne en postopératoire.DiscussionEn cas de genou stable, l’œdème sous-chondral du bord supéro-médial du plateau tibial médial, associé à une symptomatologie de lésion méniscale interne, peut être le signe indirect d’une languette méniscale luxée sous le ligament collatéral médial. Cette lésion méniscale n’est pas visible sur l’IRM préopératoire dans presque un tiers des cas. La présence de cet œdème sur l’IRM doit faire suspecter et rechercher une languette méniscale luxée.