IntroductionLes fractures déplacées du tubercule intercondylaire antérieur du tibia (TIAT) sont relativement peu fréquentes et spécifiques de l’enfant, leur traitement n’est pas consensuel. Le but de notre travail était d’évaluer les résultats fonctionnels de patients en fonction du traitement proposé, orthopédique ou chirurgical.Patients et méthodeEntre 1994 et 2012, 78 patients ont été pris en charge pour une fracture du TIAT. La classification des fractures était celle de Meyers et Mc Keever. Dix-sept patients, 10 garçons et 7 filles, d’âge moyen de 13 ± 1,4 ans (7–15 ans) au moment du traumatisme ont pu être revus en consultation pour la réalisation d’un examen clinique et d’une évaluation fonctionnelle du genou à l’aide des scores IKDC et Lysholm. Tous ont réalisé une laximétrie dynamique par GNRB et un test isocinétique par appareil CON-TREX.RésultatsLe recul moyen était de 6 ± 0,7 ans (0,6–15 ans). Les stades 1 ont tous été traités orthopédiquement, les scores IKDC et Lysholm étaient respectivement de 59,1 ± 9 et 85,5 ± 7,8 pour une laximétrie différentielle moyenne de –1,15 mm ± 0,8. Les stades 2 traités orthopédiquement présentaient des scores IKDC et Lysholm respectivement de 99,4 ± 0,7 et 100, une laximétrie différentielle moyenne de 1,9 mm ± 1,5. Les scores IKDC et Lysholm des patients pris en charge chirurgicalement étaient respectivement de 97,7 ± 3,3 et 100 pour une laximétrie différentielle moyenne de –0,15mm ± 0,6. Les stades 3 traités orthopédiquement obtenaient un score IKDC et Lysholm respectivement de 100 et 100 contre 79,9 ± 21,4 et 93 ± 8,5 pour le traitement chirurgical. La laxité différentielle moyenne était de 0,7 mm pour le traitement orthopédique contre 0,4mm ± 1,5 pour le traitement chirurgical. L’évaluation des tests isocinétiques a permis de mettre en évidence un déficit de la force musculaire du côté pathologique par rapport au côté sain plus important chez les patients opérés.DiscussionChez les patients présentant une fracture du TIAT stades 2 et 3 de Meyers et Mc Keever traitée chirurgicalement, on constate une diminution de la laxité différentielle résiduelle. Pour autant, cette moindre laxité n’apparaît pas lier à de meilleurs scores fonctionnels au recul de l’étude.ConclusionLe traitement orthopédique semble avoir encore sa place lors de la prise en charge de ce type de fractures, d’autant qu’une laxité résiduelle ne semble pas altérer le pronostic fonctionnel à moyen terme. Une rééducation semble souhaitable dans tous les cas.Niveau de preuve4. Étude rétrospective de cohorte.