IntroductionSuite à l’augmentation des cas d’infections du site opératoire (ISO) profondes survenus dans le service d’orthopédie d’un centre hospitalier universitaire, une étude cas-témoins a été menée. L’objectif était d’identifier des facteurs de risque d’ISO et d’émettre des recommandations pour améliorer les pratiques.Matériel et méthodesCette étude cas-témoin rétrospective à visée analytique a été menée dans un service de chirurgie orthopédique sur 3 années (2010–2012) sur une population de 3095 interventions consécutives. Tous les cas d’ISO profonde de la période ont été inclus, sauf 3 par manque de témoin. Les témoins ont été sélectionnés dans le même service et appariés (2 témoins cas) selon – année d’intervention, type d’intervention, âge ± 5 ans, sexe. Les facteurs étudiés étaient soit liés au patient (ASA, indice de masse corporelle IMC, diabète, facteurs de risques cardiovasculaires), soit liés à l’intervention (préparation préopératoire de l’opéré, anti-bioprophylaxie, classe de contamination, durée de l’acte). L’analyse a consisté en – description des patients inclus, analyses univariée et multivariée par un modèle de régression logistique conditionnel.RésultatsAu total, 27 cas et 80 témoins ont été inclus (1 cas avec 2 témoins) 72 patients étaient des hommes. Les interventions touchaient essentiellement le membre inférieur, mais aussi le membre supérieur. En analyse multivariée, l’anti-bioprophylaxie lorsqu’elle était réalisée en non conformité avec les recommandations en terme de dose et de délai d’administration était fortement associée avec le risque d’ISO (OR = 3,36 (IC à 95 % 1,12–10,13,p = 0,03)). Les autres comorbidités, la classe de contamination, le score ASA, la durée d’intervention n’étaient pas significativement associés à la survenue d’ISO profonde. La préparation cutanée préopératoire avait été réalisée et conforme chez tous les patients.ConclusionCette étude a montré qu’une pratique d’anti-bioprophylaxie non conforme avec les recommandations était associée à un risque augmenté d’ISO profonde. Elle a également permis de constater que les doses d’antibiotiques n’étaient pas systématiquement doublées pour les patients avec un IMC > 35 kg m2, et que l’on pouvait améliorer le délai entre l’injection et l’incision. Ces éléments ont fait l’objet de nouvelles recommandations et pourront être évaluées dans le futur.